L’hydropolitique environnementale du Mékong, entre intérêts nationaux et activisme international

Abstract

Les enjeux environnementaux des aménagements hydroélectriques sur le cours principal du Mékong sont devenus un objet de débat important entre les pays riverains et les experts et activistes environnementaux, pour la plupart occidentaux. Sur le plan national, la question de la gestion très peu concertée des projets de barrages sur le cours principal du Mékong provoque bien dans la société civile une mobilisation, mais celle-ci ne débouche pas sur un fléchissement des politiques d’aménagement hydroélectrique. La faute en revient, d’une part, aux gouvernements qui, même sous pression, contrôlent sans partage la gestion des ressources du bassin et, d’autre part, à l’incapacité de la Commission du Mékong (MRC), malgré une légitimité institutionnelle, à développer un cadre juridique contraignant. Cela contribue à éroder progressivement la pertinence de la Commission aux yeux de ses membres, des bailleurs de fonds internationaux et de la Chine, qui propose désormais son propre modèle de coopération Sud-Sud, l’initiative de Coopération Lancang-Mékong (CLM).

Le développement de la géopolitique au Québec : du tropisme national à l'étude de dynamiques plurielles

“…Cette multiplication récente de travaux sur des enjeux internationaux contemporains a abouti à la production de recherches très variées. À titres d'exemples, mentionnons les recherches sur l'Asie du Sud‐est, prise dans sa globalité (ou avec des travaux davantage ciblés sur le Mékong) (Affeltranger et Lasserre, 2004; Mottet et Lasserre, 2017), sur le Vietnam ou le Laos (Courmont et Mottet, 2020; Granger et Caouette, 2020), sur la Chine (F. Lasserre, 2006), sur l'Inde (Bates et al, 2013), sur la géopolitique des ressources extractives en Asie et en Arctique (Mottet et al, 2015; Têtu et Lasserre, 2017), sur la géopolitique de l'énergie (Mottet et Lasserre, 2015), sur la géopolitique du transport maritime (F. Lasserre, 2004; Lasserre et Pelletier, 2011) et sur les nouvelles routes de la soie (F. Lasserre et al, 2019). En termes institutionnels, si l'Observatoire de Géopolitique fondé à l'Université du Québec à Montréal en 2006 se spécialise sur des recherches sur les frontières, le Conseil québécois d'Études géopolitiques, lancé en 2014 à l'Université Laval, a amené l'émergence de nombreux axes de recherche à différentes échelles, locales comme régionales, voire mondiales.…”

“…Enfin, la réflexion géopolitique développée au Québec s'est largement ouverte sur le monde, dans une effervescence d'analyses portant sur des thématiques et des régions diverses. Après quelques ouvertures sur le Brésil (Denis, 1976), ou Chypre (Sanguin, 1994), l'intérêt pour l'international explose à partir du tournant du siècle avec des travaux sur les conflits territoriaux et frontaliers en mers de Chine du sud et de l'est (F. Lasserre, 1996, 2005; Mottet et Lasserre, 2017), les détroits asiatiques (Comtois et Wang, 2003), européens (J.‐C. Lasserre, 2003); les frontières et les murs dans le monde (Bissonnette et Vallet, 2020; Gonon et Lasserre, 2003; F. Lasserre et Mottet, 2020; Vallet, 2016), les lieux de mémoire dans les conflits (Lasserre et Stan, 2019), la géopolitique de l'Arctique, non plus seulement canadien mais aussi russe ou scandinave, et suscitant l'intérêt de pays tiers, notamment asiatiques (Alexeeva et Lasserre, 2012; F. Lasserre, 2004), la géopolitique de l'eau en Amérique du Nord, en Europe, en Asie et en Afrique (F. Lasserre, 1999; Mottet et Lasserre, 2017).…”