À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la géographie universitaire française est féminisée à hauteur d’un tiers de ses étudiants, mais ses enseignants sont encore tous des hommes. Dix ans plus tard, les premières titulaires sont nommées et l’Union géographique internationale voit accéder à sa vice-présidence l’une des pionnières francophones de la discipline. À la fin des années 1950, on constate à la fois peu de changements du point de vue de la présence féminine dans les facultés, et l’émergence de nombreuses enseignantes et chercheuses, destinées à devenir des personnalités dominantes de la discipline. L’objectif de cet article est de décrire et d’expliquer les mutations à l’œuvre pendant les années 1940 et 1950, ouvrant la voie à une nouvelle génération, née dans les années 1920, entrant dans la carrière aux lendemains de la guerre et connaissant des trajectoires souvent marquées par le succès. Il s’agira notamment d’évaluer certains effets de changements structurels (agrégation de géographie, CNRS), la diversité des situations locales et la réalité de cette amélioration dans l’accès de géographes féminines à la carrière de géographe académique.