Pour prévenir ou résoudre les processus de décrochage scolaire, les politiques éducatives françaises promeuvent des dispositifs suscitant la parole des élèves (tutorat, accompagnement). Ces dispositifs, vecteurs de « personnalisation » de l'enseignement, envisagent la parole de l'élève d'une manière alternative à la forme scolaire dominante. Pour étudier l'appropriation de ces dispositifs par les agents chargés de leur mise en oeuvre, nous avons soumis à des membres du corps professoral, lors d'une formation à la prévention du décrochage, un questionnaire évaluant la pertinence de différents outils les incitant à travailler sur la parole des élèves. Nous constatons que, pour ces enseignantes et enseignants, ces outils apparaissent secondaires, subsidiaires ou chronophages, à la périphérie de leur territoire professionnel. Note des auteurs : Cette enquête a été présentée lors du colloque « Entre décrochage(s) et raccrochage(s) scolaires : paroles de jeunes et mises en récit » (85 e Congrès de l'Association francophone pour le savoir-ACFAS, Montréal, Université McGill, 10-11 mai 2017) auquel nous avons participé grâce au soutien financier de l'ÉSPÉ de l'académie de Versailles et du laboratoire ÉMA. Nous remercions Maryvonne Merri, Line Numa-Bocage ainsi que l'ensemble des participantes et des participants pour les échanges de points de vue lors du colloque. Que faire de la parole des élèves? La professionnalité enseignante à l'épreuve des dispositifs de prévention du décrochage VOLUME XLVII : 1-printemps 2019 230 www.acelf.ca Nous montrons que ces outils sont envisagés avec des schèmes professionnels qui neutralisent leur portée.