“…Cet intérêt pour le rôle des affects, notamment dans la compréhension du champ politique, peut changer le regard sur une notion -la fraternité -qui porte en elle « un important potentiel en termes de réémotionalisation de la relation politique sécularisée, rationalisée et désenchantée » (Ménissier, 2012, p. 42). Un certain nombre de travaux ont déjà commencé à tirer les conclusions, dans le domaine éducatif, de cette nouvelle approche anthropologique en s'intéressant au rôle des émotions et de l'empathie (Tisseron, 2010 ;Catheline, 2015 ;Zanna, 2015 ;Guegen, 2018), tant dans le champ cognitif de l'entrée dans les apprentissages, que dans celui, relationnel, de la prévention des violences et de l'amélioration du climat scolaire (Bidar, 2015 ;Marsollier, 2016). L'éducation à la fraternité par la pratique de la philosophie à l'école 34 Si un travail sur les compétences sociales et émotionnelles, en particulier l'empathie, constitue un élément déterminant d'une prévention des violences et d'une éducation heureuse (Gueguen, 2018), il faut y ajouter une éducation plus approfondie de l'altérité pour conduire les élèves à un apprentissage de la vie sociale qui puisse appréhender, en théorie comme en pratique, la dimension collective de leurs différentes appartenances : la classe, l'établissement, la famille, les cultures -sociales, religieuses, ethniques -, la République, l'humanité.…”