variations mineures subsistent avec la version éditeur, notamment dans l'emplacement de certaines références (dans le corps du texte ou en notes). La pagination de la version éditeur est indiquée [entre crochets] dans le corps du texte] Résumé Cet article propose d'étudier l'invention de la statistique des fonctionnaires dans la France des années 1890-1930. Construite aux marges de l'État, cette mesure est alors le fruit de logiques militantes et/ou professionnelles, assez largement désynchronisées de l'élaboration ou la mise en oeuvre de politiques de réduction des effectifs. Trois phases se succèdent : à l'aube du XX e siècle, on compte d'abord les fonctionnaires pour dénoncer le « fonctionnarisme » et la « dépopulation » ; au cours de la décennie qui précède la Grande Guerre, il s'agit surtout de promouvoir une expertise statisticienne ; dans l'entre-deux-guerres, enfin, de fortes compressions sont mises en oeuvres, alors que la statistique des fonctionnaires est mise entre parenthèses. Une focalisation sur cette période, par une approche soucieuse des modalités de fabrication et d'usage du nombre des fonctionnaires, permet d'éclairer sous un nouveau jour un discours persistant, et néanmoins paradoxal : on ignorerait combien il y a de fonctionnaires en France, tout en affirmant qu'ils sont trop nombreux.