Éditorial> La maladie de Fabry (MF) est une maladie héréditaire du métabolisme, de transmission liée au chromosome X, due au déficit en α-galactosidase A, une enzyme lysosomale [1]. Le déficit enzymatique est responsable de l'accumulation de glycosphingolipides (principalement le globotriaosylcéramide ou Gb3) dans l'organisme résultant en une affection multisystémique avec des manifestations algiques, dermatologiques, rénales, cardiaques, gastro-intestinales, cochléo-vestibulaires et neurologiques. La thérapie enzymatique substitutive par α-galactosidase A recombinante a été récemment validée par des essais cliniques contrôlés comme un traitement sûr et efficace chez les patients atteints de maladie de Fabry.
Le diagnostic en 2005La maladie de Fabry est diagnostiquée avec retard, probablement en raison de sa rareté, mais aussi de la non-spécificité de ses symptômes. Il apparaît donc qu'un effort doit être fait afin de favoriser un diagnostic plus précoce pouvant conduire à la mise en place d'un traitement préventif à même d'éviter la survenue de lésions irréversibles. Le début clinique de la forme classique est pédiatrique avec une symptomatologie initialement marquée par des acroparesthésies chroniques et des crises douloureuses aigues des extrémités, parfois associées à des signes inflammatoires faisant évoquer à tort un rhumatisme articulaire aigu ou une arthrite chronique juvénile. Bien que les douleurs neuropathiques soient fréquemment décrites par les enfants, elles sont insuffisamment prises en compte par les médecins scolaires et les pédiatres. En pratique, tout acrosyndrome de l'enfant devrait faire considérer le diagnostic de maladie de Fabry à confirmer par le dosage enzymatique de l'activité α-galactosidase A chez le jeune garçon, ou par le génotypage du gène GLA chez la petite fille [2]. Les angiokératomes, en particulier lorsqu'ils ont une distribution caractéristique, sont un signe d'appel assez précoce devant également faire envisager le diagnostic, qui devra toutefois être là aussi validé par méthode enzymatique ou moléculaire, en raison de leur non spécificité [3]. Les signes ophtalmologiques sont fréquents et polymorphes mais la MF ne diminue pas l'acuité visuelle. La dystrophie cornéenne est un marqueur spécifique de l'affection pouvant constituer un élément diagnostique chez l'homme hémizygote et un moyen de dépistage chez la femme conductrice, lorsque l'examen à la lampe à fente est réalisé [4].
La prévention, les facteurs pronostiques et les nouveautés phénotypiques en 2005Avec l'âge, les patients atteints de MF sont exposés à un déclin graduel de leur fonction rénale. Si l'atteinte rénale reste longtemps asymptomatique, les lésions histopathologiques sont précoces et il est essentiel de commencer la thérapie enzymatique avant que la perte néphronique n'aboutisse à l'insuffisance rénale chronique terminale et à un éventuel « point de non-retour » au-delà duquel les lésions de fibrose surajoutées précipiteront la détérioration de la fonction rénale et seront au-delà de tout espoir de thérap...