“…C'est d'ailleurs l'effet recherché dans des épisodes plus récents et dont tout le monde a vu des images, comme la destruction du pont de Mostar, la destruction des Bouddhas de Bâmiyân ou celle de plusieurs ensembles monumentaux de différentes époques à Alep, Apamée, Mari ou Palmyre. On a alors tôt fait de présenter une lecture manichéenne de ces destructions parfaitement photogéniques et efficacement médiatiques : la publication de la belle étude de Thomas W. Gaehtgens sur le bombardement de la cathédrale de Strasbourg en septembre 1914 (mais aussi sur l'incendie de la bibliothèque de Louvain), vient à point nommé pour historiciser cette criminalisation des destructions d'oeuvres d'art 5 , criminalisation en l'occurrence grandement facilitée par la réputation de barbarie acquise par l'armée allemande après la destruction sous les bombes de la bibliothèque de Strasbourg, le 24 août 1870 6 . Dans l'échelle des valeurs, la destruction des oeuvres d'art passe presque pour plus grave que la mort des hommes : « Tuez les hommes, mais respectez les oeuvres.…”