Entretien réalisé le 3 septembre 2011 à l'Orient-Institut Istanbul (OII) par Nikos Sigalas (NS) et Alexandre Toumarkine (AT). La transcription en a été faite par Alexandre Toumarkine, et révisée par Fuat Dündar et Isabelle Gilles. Fuat Dündar est actuellement boursier de la Fondation Humboldt et chercheur invité au Zentrum Moderner Orient (ZMO) à Berlin sur un projet intitulé 'When Nationalism Start to Count : The Kurdish Nationalism in Iraq (1933-1974)'. Définition, usages et discussion de la notion d'ingénierie AT : Nous allons d'abord revenir si vous le voulez bien sur la notion d'ingénierie, qui est au coeur de ce dossier de l'EJTS. Comment la comprenez-vous ? Qu'en faites-vous ? J'aimerais que vous répondiez autant sur un plan synchronique que diachronique, dans la durée, depuis vos premiers travaux sur la politique démographique des unionistes vis-à-vis des populations musulmanes jusqu'à vos travaux actuels sur l'Irak de 1918 à 1932. Commençons donc par le début : pourquoi avez-vous adopté cette notion d'ingénierie ? Que vouliez-vous en faire ? Pourquoi avez-vous pensé qu'elle était importante ? FD : Mes travaux sur l'ingénierie démographique ont pour origine une question pratique. Je travaillais dans les années 1990 à l'Association des Droits de l'Homme (İnsan Hakları Derneği (İHD)) à Istanbul où je suivais la question des villages kurdes évacués de force par l'État turc. Je me suis aperçu à ce moment que la dimension historique de ce phénomène devait également être prise en compte. C'est à cette époque qu'aux archives du Başbakanlık les documents concernant la Première Guerre Entretien avec Fuat Dündar