Ingestion de corps étrangers chez l’enfant. Recommandations du Groupe francophone d’hépatologie, gastroentérologie et nutrition pédiatriques

Ingestion accidentelle des aiguilles: nouvelle circonstance de survenue

“…Le site de blocage oesophagien peut également être lié à des variations anatomiques (sténose congénitale, atrésie, anneau de Schatzki) ou à une pathologie sousjacente (sténose peptique, caustique ou néoplasie) [8,9]. Une fois l'oesophage traversé, les probabilités d'élimination spontanées sont grandes, mais d'autres sites de blocage peuvent être occasionnellement observés : le pylore, les angles duodénaux, la valvule iléocaecale, l'appendice et rarement le sigmoïde et le bas rectum [3,8,10]. Les différents sites de blocage des épingles observés chez nos patientes se présentaient comme suit : dans le premier cas, l'épingle était retrouvée à l'entrée de la bouche de l'oesophage dans un sinus piriforme ; pour les deuxième et troisième cas, l'épingle avait passé l'oesophage, mais elle s'était incrustée en prépylorique.…”

“…Le siège de la douleur n'a aucune valeur localisatrice [6,11]. Les patients peuvent également présenter une dysphagie, une odynophagie, des vomissements et une hypersiallorrhée striée de sang témoignant d'une déglutition impossible ou douloureuse [4,6,10]. L'examen physique est peu contributif, sauf s'il y a suspicion de complications où l'examen clinique doit rechercher un emphysème souscutané et une fièvre qui sont témoins d'une perforation [6], ainsi qu'une défense abdominale.…”

“…La survenue de complications est rare, et leur taux varie de moins de 1 % à plus de 15 %, voire 35 %. Cette fréquence dépend du nombre, du type et de la localisation du corps étranger [4,10]. Les objets tranchants et contondants peuvent ainsi être responsables de lésions variables allant de la simple érosion muqueuse à la perforation [2].…”

“…Il est nécessaire de réaliser des radiographies d'incidence face et profil des régions cervicale, thoracique et abdominale. Outre leur intérêt diagnostique, les radiographies permettent de déceler les complications et d'assurer la surveillance [10]. En cas de doute ou de corps étranger radiotransparent, la réalisation d'opacification radiologique avec un produit hydrosoluble est controversée, voire contreindiquée, car elle peut retarder et gêner la réalisation d'une endoscopie haute qui constitue un moyen diagnostique et thérapeutique [14].…”

“…Inversement, un corps étranger dans l'estomac autorise une attitude attentiste, en attendant jusqu'à deux à quatre semaines avant de poser l'indication d'extraction, mais cette stratégie ne doit pas être appliquée pour les objets longs et pointus dont la taille est supérieure 2 à 3 cm [2,5,10,15]. L'extraction endoscopique nécessite la disponibilité d'anses à filet, à polypectomie, de paniers de Dormia, de pince tripode, à « dents de rat ou crocodiles » et de capuchons protecteurs et plastiques placés à l'extrémité de l'endoscope pour protéger la paroi oesophagienne lors du retrait de corps étranger tranchant et acéré [2,10,11]. La place de la sédation et de l'intubation est difficile à préciser, car la sédation permet la réalisation de l'examen dans les meilleures conditions, et l'intubation protège de façon absolue du passage dans les voies aériennes lors du retrait endoscopique.…”