médecine/sciences> La reconstruction des relations de parenté est devenue depuis quelques dizaines d'années un puissant outil d'analyse en biologie. Notre expé-rience d'enseignant-chercheur nous a appris, qu'au-delà des difficultés réelles qui existent pour bien comprendre les outils informatiques utilisés, peu familiers à la plupart des biologistes, le problème récurrent le plus grave est la mauvaise compréhension de la méthode de lecture des arbres phylogénétiques. Nous avons identifié quelques erreurs courantes qui révèlent la persistance du concept d'échelle des êtres qui, consciemment ou inconsciemment, guide encore trop souvent l'interprétation des phylogénies. < de reconstruction des phylogénies moléculaires sont aujourd'hui très sophistiqués et donnent des résultats de plus en plus fiables, principalement grâce à l'application d'approches probabilistes, au développement de modèles plus réalistes pour décrire l'évolution des séquences et à l'utilisation de grandes quantités de séquences [3]. Nous ne souhaitons pas développer ici une discussion sur l'intérêt et les limites de la construction d'arbres phylogénétiques. Nous concentrerons cette revue sur les problèmes rencontrés à la lecture des arbres par la majorité des lecteurs non spécialistes. En effet, la reconstruction des relations de parenté est devenue depuis quelques dizaines d'années un puissant outil d'analyse en biologie qui est utilisé bien au-delà de son domaine initial, la systématique évolutive [4,5]. Désormais, l'utilisation de phylogénies permet, non seulement de mieux comprendre l'évolution des gènes [4,6] [13]. Notre expérience d'enseignant-chercheur nous a appris qu'au-delà des difficultés réelles qui existent pour bien comprendre les méthodes employées, peu familières à la plupart des biologistes, le problème récurrent le plus grave est la mauvaise compréhension de la méthode de lecture des arbres. Dans les copies de nos étudiants, nous retrouvons régulièrement des erreurs bien identifiées [14][15][16] qui sont dues à la persistance du concept obsolète d'échelle des êtres (scala naturae) [17]. Malheureusement, ce biais d'interprétation des arbres phylogénétiques est Les arbres phylogénétiques permettent de décrire de façon très synthétique et facile à lire les deux principaux processus de l'évolution : (1) l'anagenèse ou évolution dans une lignée qui est représentée par une branche, et (2) la cladogenèse ou spéciation, qui est représentée par un noeud d'où sont issues deux espèces à partir d'un ancêtre commun. Un arbre phylogénétique qui présente uniquement des dichotomies successives représente très bien les cas de spéciation par division d'une espèce ancestrale en unités indé-pendantes. Comme tout modèle, c'est une représen-tation très simplifiée de l'évolution qui ne permet pas de représenter toute la complexité des généalogies des individus et des gènes qu'ils transmettent au cours des générations [1]. Un arbre phylogénétique ne peut représenter ni les cas de formation d'espèces par hybridation entre espèces, ni les cas de rého-mog...