“…L'étude de la mise au travail bénévole des exilés nous informe plus généralement sur un processus de délégation particulier qui se déroule à l'intérieur des frontières de l'État (Hamidi et Paquet, 2019) où les exilés sont incités à prendre part à la gestion concrète des politiques de l'asile de plusieurs façons : par l'interprétariat quotidien au sein des associations, par les opérations de traduction des récits de demande d'asile, par l'accompagnement social et juridique des publics, etc. En utilisant, non pas seulement les associations comme des outils privés pour la mise en oeuvre des politiques, mais, les publics eux-mêmes à travers des mécanismes d'incitation de mise au travail, l'État met en oeuvre de nouvelles façons de « gouverner à distance »(Epstein, 2006). Cela lui permet de poursuivre son entreprise de gestion des publics à moindre coût en contournant d'une part, les politiques de recrutement en droit public et celles de la fonction publique et, d'autre part, la législation en termes de droit du travail pour les étrangers.…”