Le 28 septembre 1912, Louis-Ferdinand Destouches s’engageait à l’âge de dix-huit ans dans le 12e Cuirassiers, sensible qu’il était à la renommée glorieuse de ce régiment ainsi qu’à son prestige. L’apprentissage de la vie militaire dans la cavalerie s’avérait toutefois plus douloureux qu’il ne s’y attendait, comme en atteste le « Carnet du cuirassier Destouches », son journal intime, rédigé vers la fin de 1913. Quelque vingt-trois ans plus tard, après la Première Guerre Mondiale au cours de laquelle il se distinguait pour sa bravoure au combat, et juste avant la Deuxième, celui qui est alors devenu Louis-Ferdinand Céline relate, par l’hyperbole et l’outrance, son expérience de jeune recrue dans un bref roman, Casse-pipe, dans lequel il met en scène, outre les militaires, une créature éperdue et vouée à la disparition : le cheval. Erigé en personnage, sublimé par une fantaisie hallucinée, parodié aussi, celui-ci revêt une valeur métonymique avec l’homme. Cet article s’attache donc à dégager, dans l’œuvre de fiction, « la contiguïté anthropologique » de l’homme et de sa monture.