> Au cours des dernières décennies, une baisse drastique de la fertilité mâle a été observée, révélant des troubles importants dans la qualité et la quantité des spermatozoïdes. Cependant, les causes d'infertilité peuvent être également attribuées à la qualité et à la quantité du fluide séminal transmis à la femelle lors de l'accouplement. Les travaux présentés ici renseignent sur la composition du fluide séminal et ses conséquences sur les spermatozoïdes, ainsi que sur ses effets sur la physiologie et le comportement reproducteur des femelles. Ils soulignent l'importance du fluide séminal dans les interactions sexuelles postcopulatoires et illustrent ses effets en tant que pression de sélection dans la coévolution mâle-femelle. < processus de compétition spermatique (en cas d'accouplement avec de multiples partenaires). Les deux organismes les plus étudiés quant aux diverses fonctions des composés du fluide séminal sont la drosophile, qui est le modèle utilisé dans 45 % des études conduites sur les insectes, et l'homme, pour 75 % des études conduites sur les mammifères [1]. Il est inté-ressant de constater que ces protéines séminales allient un fort niveau de redondance fonctionnelle à des effets pléiotropes (qui agissent sur plusieurs caractères) importants et une vitesse d'évo-lution rapide couplée à l'apparition de nouvelles fonctions [3]. Malgré cela, les classes fonctionnelles que représentent ces protéines (peptides antimicrobiens, glycoprotéines, protéases, inhibiteurs de protéase, prohormones) restent relativement bien conservées dans le règne animal, ce qui en fait un bon modèle d'étude de l'évolution moléculaire. Chez les drosophiles, ces substances séminales ont été bien identifiées et certaines bien caractérisées d'un point de vue fonctionnel et moléculaire. La plupart sont des protéines produites par les seules glandes accessoires des mâles (Acp, accessory gland proteins). Une fois l'accouplement achevé, certaines d'entre elles se fixent sur des récepteurs neuronaux localisés dans le tractus reproducteur femelle (Figure 1). Le signal déclenche alors une réponse comportementale d'inhibition de la réceptivité sexuelle associée à une réponse physiologique de stimulation de la ponte [5]. Le premier peptide sexuel Laboratoire évolution, génomes et spéciation, CNRS UPR9034, 1, avenue de la terrasse, bâtiment 13,