Depuis les épisodes de surmortalité des années 50 [1], la pollution atmosphérique a été reconnue comme un facteur de risque pour la santé respiratoire. Mais à la fin des années 70, ce thème n'était plus guère d'actualité. De nouvelles méthodes ont relancé l'intérêt de ce thème et, avec lui, l'épidémiologie environnementale. Les études récentes observent des excès de risque faibles au niveau individuel, mais non négligeables au niveau de la population, pour des indicateurs de santé respiratoire comme la mortalité, les hospitalisations, la maladie asthmatique ou la fonction respiratoire. Ces relations ont été observées alors que les normes en vigueur étaient respectées. Dans cet article, nous décrivons brièvement les méthodes épidémiologiques, puis présentons la synthèse de leurs résultats pour l'exposition à la pollution ambiante à l'extérieur des locaux et à la pollution intérieure aux locaux.
Étude épidémiologique de la pollution atmosphériqueL'appareil respiratoire constitue une voie d'exposition privilégiée pour les aérocontaminants, qu'il s'agisse de gaz ou de particules, qui peuvent avoir des effets nocifs à court ou long terme. En moyenne, l'homme respire 15 m 3 d'air par jour et, en milieu urbain, plus de 80 % du temps est passé à l'intérieur des locaux. Les pathologies pulmonaires sont très communes (la préva-lence de l'asthme est estimée à 5,8 %, celle de bronchopneumopathies chroniques obstructives entre 6 % et 8 %, le cancer du poumon est le plus fréquent chez l'homme) et représentent la quatrième cause de mortalité en France (7 % des causes). Le facteur de risque dominant est le tabagisme, mais la pollution atmosphérique est également mise en cause. L'étude de la relation entre la qualité de l'air et la santé respiratoire se heurte à de nombreux problèmes métho-diques. Certains, généraux, concernent tous les risques sanitaires liés à l'environnement, mais d'autres sont spé-cifiques du milieu atmosphérique. Ainsi, en milieu urbain, tout le monde est exposé à la pollution de l'air : on ne peut donc pas mettre en oeuvre les approches épidémiologiques classiques comparant la fréquence des maladies ou des décès chez des groupes exposés et non exposés, ou la fré-quence de l'exposition chez des malades et des témoins. Il est nécessaire de quantifier l'exposition aux polluants, ce qui est compliqué en raison de leur grande variabilité spatiotemporelle. Avec la diminution des teneurs des principaux polluants, le niveau des risques est désormais faible. Dans ce contexte, la maîtrise des biais devient cruciale et la discussion de la causalité doit être soigneuse. Récemment, ce sont les études épidémiologiques de types écologique et temporel qui ont fourni l'essentiel