Entre 1911 et 1923, la petite ville de Bischwiller, située à 20 km au nord de Strasbourg, voit s’implanter progressivement des pratiques footballistiques du fait de nombreuses circonstances favorables. Ce processus d’acculturation est rendu possible notamment par l’action permanente des militaires français, véritables passeurs culturels grâce à leur activité footballistique qui représente autant d’opportunités pour renforcer les contacts entre « l’en-groupe » dont ils font partie et les membres du groupe « receveur », la population bischwilleroise. Porté par un comité dynamique et stable, un public énergique, une municipalité consciente des apports du football pour son image et ses habitants, le Football Club de Bischwiller – FCB 07 – voit ses succès se renforcer d’année en année. Ceux-ci sont d’une part sportifs, à travers le titre officieux de 1923 puis le titre officiel de champion d’Alsace en 1925. D’autre part, ces succès se concrétisent lors des nombreuses épopées en coupe de France ou des multiples victoires lors des matchs de « gala ». Le rôle de « l’en-groupe », composé de civils formés et des militaires, semble ici primordial pour inscrire dans le temps un transfert culturel que bon nombre de Bischwillerois souhaitent et dont les Affiches de Bischwiller , qui constitue ici la source principale d’investigation, rendent régulièrement compte. En définitive, deux facteurs expliquent le succès de ce transfert culturel par le biais du FCB 07. Le premier correspond d’une part à la présence et l’activité, sur le territoire bischwillerois, des membres de « l’en-groupe » à la fois composés de civils ayant été en contact d’Anglais ou d’une culture anglophile et footballistique. D’autre part, par le fait que ce sont les militaires qui œuvrent à démocratiser le football à Bischwiller, non seulement durant les quatre années de guerre, mais aussi dès son lendemain. Le second facteur de ce contexte propice à une acculturation footballistique massive est celui de l’espace-temps particulier de la ville de Bischwiller qui, par sa dimension patriotique, festive, industrielle et son attachement aux valeurs de modernité, tourne résolument le dos au modèle traditionnel germanique, imposé du temps de la première annexion et auquel les Bischwillerois ont eu des difficultés à se soumettre.
