Faut-il télétravailler pour être heureux ?

Abstract

L'enquête COCONEL est réalisée par internet. Une fois par semaine, un échantillon d'un millier de personnes, représentatif de la population adulte française, est interrogé avec un questionnaire couvrant divers aspects de la crise actuelle. La présente note détaille les principaux résultats de la sixième vague, qui a été réalisée par l'Ined en partenariat avec le consortium COCONEL. L'enquête a été menée pour cette vague auprès d'un échantillon de 2 003 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Les enquêtés ont été interrogés du 30 avril au 4 mai sur les aspects suivants : conditions de logement ; travail ; enfant et continuité pédagogique ; voisinage et sentiment d'isolement. Ainsi, la pandémie a d'abord constitué une crise sanitaire : mais elle constitue aujourd'hui également une crise sociale majeure, en ayant accentué toutes les inégalités de classes sociales, de sexe et de générations.

Les effets secondaires de la crise sanitaire sur les sociabilités médiatisées des français

“…Le télétravail soulève des analyses ambivalentes, identifiant à la fois des effets positifs et des effets pervers. Même s'il est difficile de déterminer s'il faut « télétravailler pour être heureux », il apparaît que les personnes qui ont le plus été impactées par la crise sanitaire sont celles qui ont perdu leur travail et dont l'activité professionnelle n'a pas pu être maintenue à distance (Collet, Giraud et Steinmetz, 2021 ;Safi et al, 2020). D'un autre côté, le télétravail a interféré sur les rapports de genre, souvent au détriment des femmes qui ont souvent dû gérer de front à la fois des engagements familiaux et professionnels (Barbier et al, 2021 ;Charlap et Grossetti, 2021).…”

Crises et transitions : quelles données pour quelles analyses ?

“…Les effets ˆ court terme de la pandŽmie de Covid-19 ont fait l9objet d9enquêtes nombreuses (Delage et al, 2021 ;Lambert et Cayouette-Rembli•re, 2021 ;Rachid Bouchareb, 2021) ayant montré, en matière d9analyse du travail, l9augmentation du télétravail (Collet, Giraud et Steinmetz, 2021), les consŽquences diffŽrenciŽes des réductions d9activité selon les professions , les baisses de revenus des salariés flexibles dans les secteurs mis à l9arrêt (GuŽnŽe et al, 2021), ou encore les effets relativement protecteurs des statuts salariaux (Didry, 2023). Un acquis important de ces Žtudes est d9avoir posé la question des transformations du régime des inégalités au travail ou par rapport à l9emploi (Freyssinet, 2021).…”

Chapitre 3. Des jeunes à distance de l’État

“…Les variations peuvent être importantes selon le niveau de richesse (revenu et patrimoine) du foyer auquel les jeunes appartiennent et selon leur situation par rapport à l'emploi et aux études. En plus d'avoir fragilisé les trajectoires professionnelles et les perspectives de promotion et de mobilité (Collet, Giraud et Steinmetz, 2021 ;Lambert et al, 2020), la pandémie a aussi fortement affecté les conditions de vie et de travail des étudiants (Bès et Demonsant, 2021). L'enjeu ici est d'appréhender leur rapport aux institutions étatiques en considérant, ensemble et conjointement, les inégalités inter-et intragénérationnelles (Peugny et Van de Velde, 2013), sans se limiter à la mise en lumière d'un « effet cicatrice » pour cette génération (Peugny, 2020).…”