médecine/sciences> L'approche réductionniste attribue l'émergence d'une tumeur et son évolution à des évènements génétiques. L'accumulation d'altérations dans l'expression de gènes provoque l'émergence d'un clone et de sous-clones. Un équilibre dynamique entre les sous-clones et avec leur environnement façonne l'évolution de la tumeur. Sous l'effet d'une pression de sélection protéiforme, une grande hétérogénéité peut apparaître dans la tumeur primitive, entre la tumeur primitive et ses métastases, et entre les métastases. La capacité à identifier cette hétérogénéité dans les tumeurs installées, mais aussi la détection des cellules tumorales avant l'apparition de cette complexité, sont des enjeux de la cancérologie actuelle. < altérés, l'environnement tissulaire et la pression thérapeutique vont sculpter l'architecture moléculaire du clone au cours du temps. Le célèbre schéma proposé par Douglas Hanahan et Robert Weinberg dans Cell en 2000, et actualisé dix ans plus tard [2], résume les proprié-tés que la cellule transformée acquiert lorsque s'accumulent les altéra-tions génétiques et épigénétiques : activation constitutive de signaux de prolifération, neutralisation de régulateurs négatifs du cycle cellulaire, perte de sensibilité aux signaux de mort, modifications du métabolisme énergétique, instabilité génétique, échappement à la réponse immunitaire, capacité à promouvoir une néoangiogenèse ou une réaction inflammatoire. Les altérations moléculaires qui confèrent à la cellule tumorale une ou plusieurs de ces propriétés sont présentées comme des cibles thérapeutiques potentielles. Cette approche est à la base du concept de médecine dite « personnalisée » (médecine de précision, médecine moléculaire) : identifions les altérations des cellules qui composent la tumeur et ciblons celles qui peuvent l'être, avec les médi-caments adaptés. Ce concept a permis d'observer des effets thérapeu-tiques spectaculaires dans certains cancers. La guérison, c'est-à-dire l'éradication complète du clone tumoral, n'est que rarement obtenue. Dans cette approche réductionniste, le réseau constitué par les gènes transcrits et leurs régulateurs est déterminant dans l'apparition et l'évolution de la tumeur. En d'autres termes, le génotype est responsable du phénotype. La tumeur est complexe, les relations génotype/ phénotype n'étant pas linéaires, et elle est instable et plastique, s'adaptant à la pression évolutive des interactions entre sous-clones et avec l'environnement.
La multiplicité des altérations génétiquesIl est possible d'identifier au moins une altération génétique ou épigé-nétique somatique dans la presque totalité des cancers [3]. Le nombre Dans une approche réductionniste, le cancer est une maladie génique : l'émergence d'une tumeur est la conséquence de l'altération de l'ADN d'une cellule isolée qui acquiert, le plus souvent du fait de la mutation d'un gène (mutation activatrice d'un oncogène ou inhibitrice d'un gène suppresseur de tumeur), parfois de l'altération de son expression par un mécanisme épigénétique, un ava...