L'ordre éternel des champs incarné par la campagne constituel 'archétype des paysages ruraux français depuis le Siècle des Lumières jusqu'à ces dernières décennies (Luginbühl, 2001). Néan-moins, les paysages forestiers n'ont jamais été totalement occultés et les questions quel eur gestion suscite reviennent de façon récurrente surl as cène publique.Cet article se propose de voir comment les services forestiers ont pris en compte, au cours des siècles, cette question du paysage dans la gestion forestière. Pourc ela, nousa vons effectué une recension bibliographiqued es articles paruss urc e thème dans la Revued es Eaux et Forêts depuis 1876 et dans la Revuef orestière française ainsi qued ans certains traités de sylviculture. Si la notion de paysagea pparaît timidement au XVI e siècle, nous verrons quec elle-ci ne sera mobilisée àp ropos des espaces forestiers qu'au XIX e siècle, avant de devenir une question incontournable depuis une vingtaine d'années dans le contexte plusg énéral de la multifonctionnalité des forêts. Dans la dernière partie de cet article, nousc onstaterons quec ette thématique suscite toujours des débats dans le milieu des forestiers mais qu'elle est aujourd'huil argement discutée en dehors d'eux,c eq uiap ourc onséquence de renouveler les termes de la probléma-tiqued el ap rise en compte du paysage en forêt.
UNELENTE ÉMERGENCE DE LA NOTION DE PAYSAGE EN FORÊTÀl 'époquem édiévale, la notion de paysage n'existe pas telle qu'onl 'entend aujourd'hui. Quant àl af orêt, elle est avant tout l l e e s s y y m m b b o o l l e e e e t t u u n n p p a a l l l l i i a a t t i i f f d d u u d d é é s s e e r r t t o o r r i i e e n n t t a a l l ,p euplée comme lui d'ermites et d'animaux fabuleux voire maléfiques. Les contes, légendes, tableaux et fables témoi-gnent encore de la vision ambivalente de la forêt -m ythiquee t dangereuse àl af ois -q ui perdure jusqu'au Siècle des Lumières (Larrère, 1995). Les allusions à uns entiment esthétique vis-à-vis de la forêt sont rares même si des traces peuvent être décelées dans les édits de 1302 de Philippe le Bel puis de 1609d 'Henri IV :q uelques forêts privilégiées, les b b o o i i s s m m a a r r m m e e n n t t e e a a u u x x , jouent alors unr ôle d'ornement àp roximité des demeures seigneuriales (Blais, 1937).Aux XVI e et XVII e siècles, la notion de paysage se construit essentiellement autourd es paysages ruraux selon les goûts édictés par l'élite sociale. La noblesse, rivée àl ac ourd u roi, cultivel a nostalgie de sa liberté perduee t idéalise à travers la peinture l'image de ses campagnes voire celle de ses forêts. Elle évacued ec es dernières le bestiaire médiéval et le remplace par un peuple de faunes et de nymphes de la littérature antiqued ont elle est imprégnée (Larrère, 1995). La forêt sert d'écrin décoratif àd es scènes pastorales, galantes et àd es chasses royales (Donadieu,1 997).Rev.F or. Fr.