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This article argues for a return to the study of non-state political institutions, and for the need to free them from their association with locally circumscribed, unmarked, or even 'unthought' practice. There are several reasons for this. On the one hand, there is a growing interest beyond anthropology in non-state political arrangements, whether they are described negatively, as the result of 'state failure', or positively. On the other, a focus on the 'non-state', historical and contemporary, opens up crucial perspectives on 'the state', and, through it, on questions of different regimes of historicity and region formation. In other words, it might provide insights into political anthropology as a study of shared thought and imagination, beyond ideal-types of modern bureaucratic governance. This is what this article attempts to do, with special reference to North African and Saharan examples.There is, at the heart of Malinowski's political anthropology, a deep suspicion of anything larger than individual self-interest managed through group reciprocity. Crime and custom in savage society is a pamphlet to refute the orthodoxy of his days, which, according to Malinowski, postulated 'primitive communism' and the idea that natives 'mindlessly followed custom ' (1926: 19, 9). This, he said, might be a 'Bolshevik paradise ' (1926: 11), but one that had no grounding in reality. In fact, 'natives' follow custom because it is in their enlightened self-interest to do so: 'Their social behaviour is based on a well-assessed give-and-take, always mentally ticked off and in the long run balanced' , motivated by 'keen self-interest and watchful reckoning ' (1926: 26-7). As a result, every transaction 'is justified as a link in the chain of mutualities ' (1926: 37). This mutual reciprocity englobes all of life, and we know it as the kula: the kula is politics, and Crime and custom is really just a footnote to the Argonauts. Malinowski is quite adamant, moreover, that this 'chain of mutualities' is accidental. The system as a system (like the kula as a ring) is beyond the grasp of 'the natives' .The natives obey the forces and commands of the tribal code, but they do not comprehend them . . . The regularities in native institutions are an automatic result of the interaction of the mental forces of tradition and of the material conditions of the environment (2014 [1922]: 10).
This article argues for a return to the study of non-state political institutions, and for the need to free them from their association with locally circumscribed, unmarked, or even 'unthought' practice. There are several reasons for this. On the one hand, there is a growing interest beyond anthropology in non-state political arrangements, whether they are described negatively, as the result of 'state failure', or positively. On the other, a focus on the 'non-state', historical and contemporary, opens up crucial perspectives on 'the state', and, through it, on questions of different regimes of historicity and region formation. In other words, it might provide insights into political anthropology as a study of shared thought and imagination, beyond ideal-types of modern bureaucratic governance. This is what this article attempts to do, with special reference to North African and Saharan examples.There is, at the heart of Malinowski's political anthropology, a deep suspicion of anything larger than individual self-interest managed through group reciprocity. Crime and custom in savage society is a pamphlet to refute the orthodoxy of his days, which, according to Malinowski, postulated 'primitive communism' and the idea that natives 'mindlessly followed custom ' (1926: 19, 9). This, he said, might be a 'Bolshevik paradise ' (1926: 11), but one that had no grounding in reality. In fact, 'natives' follow custom because it is in their enlightened self-interest to do so: 'Their social behaviour is based on a well-assessed give-and-take, always mentally ticked off and in the long run balanced' , motivated by 'keen self-interest and watchful reckoning ' (1926: 26-7). As a result, every transaction 'is justified as a link in the chain of mutualities ' (1926: 37). This mutual reciprocity englobes all of life, and we know it as the kula: the kula is politics, and Crime and custom is really just a footnote to the Argonauts. Malinowski is quite adamant, moreover, that this 'chain of mutualities' is accidental. The system as a system (like the kula as a ring) is beyond the grasp of 'the natives' .The natives obey the forces and commands of the tribal code, but they do not comprehend them . . . The regularities in native institutions are an automatic result of the interaction of the mental forces of tradition and of the material conditions of the environment (2014 [1922]: 10).
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Cet article vise à comprendre les conditions d’émergence du tissu associatif féminin en Kabylie à partir des années 1980 jusqu’aux années 2000, ainsi que les modalités et les effets de la présence féminine dans les cadres de la société civile et des mouvements de revendication berbères. Il s’appuie sur un corpus archivistique et d’entretiens. Les données proviennent d’archives publiques et privées ainsi que d’entretiens réalisés au cours d’une enquête menée entre novembre 2018 et janvier 2019 dans la wilaya de Tizi Ouzou et la ville de Béjaïa, en Algérie. Le choix de la Kabylie implique une contextualisation spécifique en Algérie. Subalternes au sein d’un groupe minoré, les actrices de ce mouvement sont confrontées à des processus de minoration variés. La Kabylie est une région berbérophone caractérisée par la tension entre pérennité et renégociations des structures sociales et symboliques. Dans ce cadre, l’exclusion des femmes des espaces décisionnels, dont la tajmaεt (assemblée de village) constitue l’institution sociale principale, ainsi que l’existence d’un militantisme féminin dans la région sont des aspects qui reflètent la tension entre pérennisation et modernisation du système symbolique, des structures sociales et, par conséquent, des rapports de genre. Du point de vue méthodologique, au regard de son objet et de son contexte géographique, ce travail s’appuie sur une approche théorique hybride qui conjugue les études berbères/amazighes (Abrous, 1988, 1995, 2004 ; Chaker, 1988, 1998 ; Tilmatine, 1989, 2017 ; Ould Fella, 2021) et les études d’ethnologie kabyle (Bourdieu, 1998 ; Lacoste-Dujardin, 1985, 2008) avec l’approche expérientielle de la condition minoritaire (Chassain et al., 2016), les études de genre et les subaltern studies (Spivak, 1988). Une attention particulière est accordée à l’association Tiɣri n’Ttmeṭṭut, active de 1989 à 1995, et au Collectif de femmes du printemps noir, actif depuis 2001.L’hypothèse défendue dans cet article est que mouvements de femmes et mouvements identitaires s’inscrivent dans un rapport à la fois de tension et de complémentarité les uns par rapport aux autres engendrant des conséquences réciproques, dont nous essayons de mesurer la portée en particulier pour les femmes, minorées parmi les minorisé.e.s. Cette double minorisation se traduit par leur marginalisation dans la réalité sociale et leur invisibilisation dans les cadres théoriques de la connaissance et de la construction des savoirs en raison de facteurs historiques et sociaux. C’est pourquoi, le militantisme féminin s’avère être une perspective intéressante pour analyser les permanences et les changements des rapports de genre dans la réalité sociale des mouvements de revendications kabyles au cours du XXe et XXIe siècles. Cette démarche nous permet, en dépassant l’invisibilité historique du mouvement féminin kabyle, de déceler un processus, non linéaire dans son évolution et toujours en construction, de changement et évolution des rapports de genre qui se traduisent dans la renégociation des identités de genre et l’intersection des revendications des actrices et des acteurs étudié.e.s.Ces mouvements ont pour point commun d’avoir été dès l’indépendance du pays cantonnés par l’État au rang de groupes minorés. La définition d’une identité monolithique arabe et musulmane par le pouvoir central, a en effet eu comme conséquence la minoration de deux groupes de population : les berbérophones et les femmes. Nous expliquons tout d’abord comment l’État a placé les mouvements identitaires kabyles et les mouvements de femmes en position de minorités et comment les luttes de ces acteurs se sont organisées en parallèle ou en s’entrecroisant. Au cantonnement par l’État, a succédé, dans les années 1980-1990, des interactions puissantes entre mouvement féminin en Kabylie et mouvement de revendications culturelles kabyles. Les processus de définition et de négociation identitaire des associations féminines se sont exprimés à travers un mouvement dialectique d’appropriation et de contestation de la revendication identitaire et des identités de genre en référence aux cadres normatifs social, juridique et coutumier. Parallèlement, les revendications féminines et féministes ont été interrogées au sein des associations identitaires kabyles. La reprise des revendications spécifiques des femmes est demeurée toutefois extrêmement limitée et a même connu une régression à partir de 2001. Le « Printemps noir » a amené à une réaffirmation du système patriarcal, y compris dans la structuration du mouvement contestataire de cette période.
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