“…Lorsque Freud remarquait que « la toute-puissance de l' amour ne se manifeste jamais plus fortement que dans ses égarements », d' autres théoriciens ont explicité les liens qu' entretient l' amour avec l' identité. Pensons, à ce titre, à Georges Bataille dans le rapport qu' il établit entre l' érotisme et la chute ; à Christian David pour qui « l' état amoureux est animé d' une volonté d' indétermination [11] » ; à Michel de M' Uzan selon qui, « s' il est vrai que l' homme n' aime que lui seul, […] il ne peut être lui-même que […] s' il est capable de devenir aussi un autre [12] » ; ou encore à Julia Kristeva qui souligne, dans ses histoires d' amour, un « oubli de son image » et, ce faisant, une « aliénation dans l' image de l' autre » [13] ; songeons également à Joyce McDougall et à son plaidoyer pour une certaine anormalité, ou enfin à cette notation de Paul Celan : « Je suis toi, quand je suis moi [14] . » La création contemporaine a ainsi excellé à scruter les finesses de cette érotique, de sorte que de nouveaux modes amoureux sont bel et bien apparus, autant dans le contenu des oeuvres que dans le rapport des artistes à leur travail ou, enfin, à travers l' émergence de la critique esthétique issue de la poïétique.…”