Émancipation et formation : une alliance en question

Abstract

Cette note de synthèse s’intéresse à la façon dont la recherche en éducation aborde la question des relations entre émancipation et formation. Après avoir défini la notion d’émancipation et caractérisé ses usages, une deuxième partie envisage l’évolution de la relation émancipation-formation comme un analyseur possible de mutations touchant à la place faite au sujet en formation, à la dimension politique de la formation, aux rapports entre formation et emploi. La dernière partie propose des perspectives de recherches ouvrant sur le rôle des œuvres ainsi que sur l’évaluation des dynamiques émancipatrices.

Co-construire un référentiel de compétences : les écoles de la deuxième chance

“…Se pose, alors, la question d'une proposition de référentiel de compétences et d'usage de ce référentiel ouvrant sur des possibles plus durables et permettant aux jeunes gens d'opérer des choix éclairés ; c'est-à-dire dans une perspective émancipatrice. Ainsi que le souligne Broussal (2019), la relation formation-émancipation n'est pas récente et si elle s'est amplement transformée, elle « se réfère à un système de valeurs supposément universelles, mais demande également un projet politique de nature progressiste » (ibid, p. 19). Les manifestations de l'émancipation majoritairement souhaitées en E2C à l'issue de la recherche se trouvent à la croisée de di érentes conceptions, allant de traditions humanistes dans lesquelles l'émancipation résulte de la culture et de l'éducation, à des perspectives de développement individuel ou de formes d'empowerment.…”

Paul Ricoeur et Axel Honneth : deux recours fondateurs pour l’éducation et la formation des adultes

“…Les travaux de recherches proposant une telle analyse ont permis, dans les dernières années, de porter un regard critique revenant aux fondements de l'éducation et de la formation des adultes : pour la notion de responsabilité, dans des travaux de philosophie avec le recours à Arendt, Levinas ou Jonas, par Boutinet (2019) par exemple, ou aux dimensions critiques du vocable de l'émancipation et de l'autonomisation pour Broussal (2019) ou Eneau (2016), mobilisant les travaux de Castoriadis, Freire ou Gorz (entre autres) et les courants critiques nord-américains (travaux de Mezirow, Brookfield ou Fleming par exemple), moins diffusés en France, mais qui ont gardé une forme de vigilance sur les écarts aux fondements de la formation continue, dans ses valeurs et ses idéaux. À travers ces travaux, on ne peut que constater, comme l'avaient déjà noté Forquin (2004), Dubar (2014) ou Hake (2015), que l'on assiste aujourd'hui, « en contexte néolibéral », non seulement à un dévoiement du vocabulaire de la formation des adultes, mais à une « déperdition, voire une perversion de l'utopie, et comme une trahison de l'espérance » que l'idée même d'éducation permanente portait à ses débuts (Forquin, 2004).…”

Journaux de bord d’enseignant·es

“…Cette présentation a mis en lumière notre démarche d'« enquête narrative » (Breton, 2020a ainsi que notre modèle d'approche de l'activité du journal, avec un focus particulier sur les résultats liés aux effets perçus de cette pratique par Samuel, l'un des six participant•es à notre recherche. Ces effets incluaient notamment des aspects émancipatoires (Broussal, 2019 ;Eneau, 2013Eneau, , 2017 L'approche adoptée s'attache à appréhender dynamiquement et temporellement l'activité diaire du journal, en examinant les interactions entre les dispositions du sujet, l'acte d'écriture et l'environnement. Pour ce faire, l'enquête narrative repose sur une méthodologie combinant ici des entretiens biographiques et des entretiens d'explicitation menés auprès de ces enseignant•es diaristes, alors que ces formes d'entretiens étaient dissociées dans les deux autres articles peer reviewed précédemment présentés dans cette partie de notre thèse.…”