Dynamique de l’occupation du sol dans le Parc National du W et sa périphérie au nord-ouest du Bénin

Abstract

La dynamique spatio-temporelle de l'occupation du sol et les facteurs de dégradation ont été analysés à partir des images Landsat de 1972, de 1990 et de 2008, de la télédétection et d'un système d'information géographique (SIG), dans le Parc National du W et sa périphérie dans le Nord-Ouest du Bénin. L'objectif de la présente étude est d'une part d'analyser la dynamique de l'occupation du sol entre 1972 et 2008, et d'autre part, de déterminer les facteurs de dégradation du couvert végétal. Des enquêtes socioéconomiques ont été réalisées dans les villages riverains du Parc National du W. La classification supervisée par maximum de vraisemblance a été appliquée. Deux matrices de transition ont permis de mettre en évidence les conversions subies par les différentes unités d'occupation du sol. Les formations forestières ont régressé de 22,70% à 17,00% entre 1972 et 2008. Les forêts galeries dégradées quasi inexistantes en 1972 se sont reconstituées à partir de 1990 et sont passées de 0,60% à 2,85% en 2008. Quant aux forêts denses ainsi que les forêts claires et savanes boisées, elles ont subi une régression en terme de superficie (0,23% en 1972 à 0,09% en 2008 et de 17,90% à 12,91% respectivement). Par contre, les savanes arborées et arbustives ont connu une légère diminution (73% en 1972 à 66,65% en 2008) tandis que les mosaïques de champs et jachères ont connu une augmentation de leur superficie (1,38% en 1972 à 13,97% en 2008), soit plus de 10 fois leur superficie initiale de 1972. La démographie, l'agriculture et le surpâturage sont les trois principaux facteurs de dégradation du Parc National du W et de sa périphérie.

Comment les aires protégées structurent les écosystèmes des périphéries

“…Les données numériques fournies par satellite donnent une représentation graphique ci-dessous (Figure 10) qui permet de se rendre effectivement compte du changement ; certains types d'écosystèmes ont cédé de la place aux autres (Avakoudjo, 2014). Sur cette Figure 10, l'on remarque une augmentation de la superficie des cultures (54,42% en 2005) au détriment des forêts claires (3,54% en 2005) qui ont régressé jusqu'à disparaitre en 2013.…”

“…L'objectif visé par les éleveurs par leur présence massive, est de laisser leurs bétails paitre dans le parc (Lesse et al, 2015). A défaut d'y pénétrer à cause de la surveillance renforcée, ces animaux domestiques se concentrent sur les zones périphériques augmentant par ricochet la pression sur les ressources des zones périphériques (Djirra, 2011 ;Avakoudjo, 2014). Les bétails broutent les herbes dans les zones adjacentes au parc ; le piétinement du couvert végétal provoque une dégradation.…”

“…Ainsi l'espace agricole restreint par la création de l'aire protégée fait l'objet de convoitise des deux grands acteurs : autochtones et nomades attirés par les ressources du parc et qui finissent par échouer dans les zones périphériques et devenant par la suite cultivateurs ou agro-éleveurs (Avakoudjo, 2014).…”

Faune mammalienne, chasse et conflits humainsfaune en périphérie du Parc national de Kundelungu (R.D. Congo)

“…Le rôle des périphéries des aires protégées dans la conservation de la biodiversité a été discuté par plusieurs auteurs. En Afrique, les conclusions de la plupart des travaux convergent sur deux idées majeures: (i) des espaces naturels aux abords des aires protégées sont d'une importance écologique indéniable, notamment par l'importante diversité biologique qu'elles regorgent et par leurs contributions aux processus écologiques (Dupain et al, 2004;Western et al,2009;Soulama et al, 2015;Jiagho et al, 2016); (ii) les activités humaines en périphérie peuvent constituer une menace pour les ressources naturelles conservées au sein même des aires protégées (Balme et al, 2010;Baudron et al, 2011;Avakoudjo et al,2014;Soulama et al, 2015).…”

Dynamique du couvert végétal à Bassila au nord Bénin pendant et après la mise en œuvre d’un projet d’aménagement forestier

“…Dans bien des cas, ces forêts aménagées et gérées par l'Etat par le biais de projets forestiers ont connu une dégradation quasi irrémédiable (Atindogbé, 2004), ternissant le blason de la gestion participative dont elles font l'objet (Vermeulen et al, 2006). Au Bénin, la déforestation et la dégradation des forêts serait due à la forte pression découlant des activités anthropiques dans les formations végétales (Atindogbé, 2004 ;Mama et al, 2014 ;Avakoudjo et al, 2014). Néanmoins, la grande majorité des études portant sur la dynamique de la végétation au Bénin ont été effectuées à l'échelle de vastes territoires géographiques et peu d'études se focalisent spécifiquement sur les zones d'intervention de projets forestiers.…”