Les auteurs examinent un dispositif de recherche original mis en place auprès d'acteurs impliqués dans l'usage et la gestion d'un système collectif d'irrigation en Tunisie. Les grilles théoriques d'analyse de l'action collective par les sciences sociales sont utilisées pour accompagner ces acteurs dans une démarche d'autoanalyse. Cet exercice de réflexivité est l'objet d'un examen critique qui porte aussi bien sur le dispositif de recherche qu'il implique que sur les critères qui permettent de l'évaluer. Il pose plus généralement la question de la notion de « performance », retenue ici comme objet de la démarche réflexive. La Rédaction Résumé-En Tunisie, les études sur les associations d'irrigants ont souvent diagnostiqué des performances médiocres, mais n'ont proposé que des analyses incomplètes des facteurs influençant ces performances. Dans la présente étude, les acteurs intervenant dans une association d'irrigants ont été invités à exprimer leurs points de vue sur les objectifs de l'association et les facteurs jouant sur ses performances, en réagissant à des exemples inspirés de trois théories de l'action collective et adaptés à leur situation. Ces acteurs sont les agriculteurs, le conseil d'administration, les salariés de l'association et les agents de l'administration publique. Les analyses différenciées faites par les acteurs ont permis une meilleure compréhension de leurs attentes vis-à-vis de l'association et des relations entre ces acteurs. Cet usage des théories de l'action collective s'est avéré être un outil d'élicitation innovant pour révéler les points de blocage et améliorer les performances de l'association.