Dossier « Adaptation aux changements climatiques » – La géo-ingénierie : réduction, adaptation et scénario du désespoir

Abstract

Mots-clés :adaptation ; géo-ingénierie ; principe de précaution Résumé -Nous partons d'un bref état des lieux de la question climatique dont il ressort que, quel que soit le scénario envisageable, ce dernier comportera une part irréductible d'adaptation. Dans ce cadre, nous abordons la question de la géo-ingénierie avec un état de l'art succinct relatif aux projets les plus sérieux. Nous proposons ensuite de scénariser la question d'un éventuel recours aux technologies de géo-ingénierie. Ce qui nous conduit, in fine, à réinterroger les enjeux du principe de précaution. Keywords:adaptation; geoengineering; precautionary principle Abstract -Geoengineering: reduction, adaptation and the scenario of despair. Starting with a short inventory of the state of the climatic issue we show that, whatever the possible scenario might be, it will include an irreducible part of adaptation. In this perspective we approach the question of geoengineering with a brief state of the art of the most reliable projects. Following we propose three scenarios for a possible recourse to geoengineering technologies. This leads us ultimately to re-examine the stakes of the precautionary principle.

Le climat dans les films catastrophe, dystopiques et post-apocalyptiques

“…En 1906, Svante Arrhenius affirmait que les émissions de CO2 liées aux activités humaines permettraient d'empêcher le retour d'une glaciation (Arrhenius, 1907), une perspective jugée, à cette époque, catastrophique pour la survie de l'humanité, contrairement à un réchauffement climatique. Le roman de Naomi Oreskes et Erik M. Conway, intitulé « L'effondrement de la civilisation occidentale » et publié en 2015, a relaté de façon scientifiquement plus plausible que le scénario du « Transperceneige » comment l'incapacité (ou plutôt l'inaction) de l'humanité à ralentir le réchauffement climatique pourrait inciter à recourir à la géo-ingénierie, provoquant une réaction en chaîne aux effets aussi catastrophiques que le changement climatique lui-même (voir aussi sur ce sujet : Bourg et Hess, 2010 ;Baum et al, 2013). Ces fictions alertent sur le risque de tenter d'intervenir volontairement contre un dérèglement climatique lui-même provoqué par les interventions humaines, même involontaires.…”

“…Dans « Le Passeur » et dans les séries de films « Divergente » et « Le Labyrinthe », sortis la même année (y compris le premier film de chacune des deux trilogies), en 2014, les cités postapocalyptiques clôturées ou murées sont visiblement protégées des conditions météoclimatiques hostiles du monde extérieur par des techniques de géo-ingénierie. Cependant, dans aucun de ces films, il n'est fait mention de la moindre explication du procédé employé, et pour cause : l'impact de la géo-ingénierie est global (Bourg et Hess, 2010) Quant à l'épisode de tempête de poussière géante et aussi grandiose que violemment spectaculaire de « Mad Max : Fury Road », le CSIRO australien (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation) met en garde : l'action de « Mad Max : Fury Road » est censée se dérouler en Australie, mais les scènes ont été filmées en Namibie, donc dans des environnements généralement plus arides.…”

Unfit for the future? The depoliticization of human perfectibility, from the Enlightenment to transhumanism

“…This typically transhumanist reasoning absolves capitalist civilization and its ideology of infinite growth of all responsibility for the current climate crisis (see Moore, 2016). Like geoengineering, which seeks to solve climate change with exclusively technoscientific solutions, transhumanism promotes a true scenario of despair (Bourg and Hess, 2010) by dead-ending the social and political causes of climate warming. A more definitively radical upending of the Enlightenment’s humanistic ideal of human perfectibility – which aimed not to justify the world as it is, but rather to question its social and political relevancy – cannot be imagined.…”