L'épilepsie est l'affection neurologique la plus commune après la migraine : elle touche près de 2 % de la population. Elle apparaît le plus souvent durant la première année de vie et dans 75 % des cas avant l'âge de 18 ans. Parmi les enfants atteints, après quelques années de traitement, la moitié connaîtra un développement neurologique normal, l'autre moitié fera face à un pronostic sombre, tant sur les plans clinique que social et professionnel. Compte tenu des séquelles cognitives, neurologiques et sociales que les épilepsies chroniques entraînent chez l'enfant, une intervention chirurgicale est fréquemment envisagée.
La callosotomieTrès tôt, le service de neurologie du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine s'est fait connaî-tre par son approche avant-gardiste dans le traitement de l'épilepsie infantile. En effet, en 1979 et à l'initiative de feu Dr Guy Geoffroy, neurologue, l'hôpital SainteJustine est devenu le premier établissement hospitalier à effectuer chez l'enfant une callosotomie -opération qui n'avait jusqu'alors été pratiquée que chez l'adulte épileptique dans quelques centres spécialisés aux États-Unis [1]. Cette option thérapeutique chirurgicale a pour but d'abolir la propagation de la décharge épileptique d'un hémisphère à un autre par les voies de communication inter-hémisphérique (soit le corps calleux). Elle est pratiquée pour traiter les cas d'épilepsies sévères et pharmaco-résistantes, notamment le syndrome de Lennox et Gastaut, les crises atoniques et toniques, les crises tonico-cloniques et l'épilepsie multifocale 1 . Les premières études neuropsychologiques que nous avons effectuées auprès des enfants callosotomisés, ou split-brain, ont d'abord eu pour objet de vérifier que la chirurgie pouvait être accomplie sans perturber leurs fonctions cognitives [1,2]. Au contraire, comme l'intervention chirurgicale entraînait une atténuation des crises et une diminution de la médication chez plus des deux tiers d'entre eux, ces enfants manifestaient, 1 Bien que la section du corps calleux soit encore effectuée dans plusieurs centres, notamment dans le traitement des crises akinétiques, elle a été progressivement remplacée par d'autres approches telle la stimulation du nerf vague dans certains centres d'épilepsie.