> L'auto-vaccination est une procédure qui vise à offrir une alternative immunologique à l'inactivation génique afin d'étudier le rôle de médiateurs, tels que des interleukines. Elle vise également le traitement potentiel de maladies dans lesquelles la production inappropriée de ces protéines inflammatoires joue un rôle déterminant. Elle est basée sur l'administration d'un vaccin comprenant la protéine autologue cible modifiée de manière à contenir des déterminants étrangers ; ceux-ci permettront d'apporter l'aide de cellules T auxiliaires à des précurseurs de lymphocytes B producteurs d'anticorps auto-réactifs. Nous décrivons ici les principes de cette auto-vaccination et les principaux résultats obtenus par divers autovaccins, ainsi que par des anticorps monoclonaux murins contre des protéines murines développés grâce à cette méthode. < Au vu des connaissances actuelles, l'auto-vaccination se base sur les principes suivants. Il est bien établi que l'activation d'un lymphocyte B immature requiert l'aide d'un lymphocyte T. Cependant, les lymphocytes T auto-réactifs sont éliminés de manière très efficace par sélection négative intrathymique [4]. Ceux qui échappent à ce processus sont maintenus sous contrôle par plusieurs types de cellules T régulatrices périphériques (Treg et Tr 1 ) [5]. Pour les lymphocytes B auto-réactifs, il existe également plusieurs processus capables de les inactiver, tels que la délétion par apoptose de lymphocytes B de haute affinité pour des antigènes du soi [6], le réarrangement de locus de chaînes légères diminuant leur affinité [7], et l'anergie qui permet leur persistance dans un état non fonctionnel [8]. Cependant, l'absence de production d'autoanticorps découle principalement d'une absence d'aide appropriée de lymphocytes T. Dès lors, si à l'antigène autologue reconnu par un lymphocyte B immature, on adjoint par couplage chimique ou manipulation génétique une séquence protéique étrangère, le complexe capturé par l'immunoglobuline de surface sera en partie internalisé, et des peptides dérivés de la protéine étrangère seront présentés par le lymphocyte B auto-réactif. Cette présentation antigénique, trompeuse ou illicite, contourne donc l'absence de T auto-réactifs puisque des lymphocytes T reconnaissant les peptides étrangers fourniront l'aide requise (Figure 1).
Survol historique et méthodologique de l'auto-vaccinationAuto-vaccins protéiques La première approche de l'auto-vaccination est le croisement d'espèce : une protéine hétérologue peut, dans certains cas, entraîner la production d'anticorps qui présentent une réaction croisée avec la protéine autologue équivalente. Cette réaction est cependant impré-visible, ce qui limite évidemment son efficacité.Institut Ludwig pour la recherche sur le cancer et unité de génétique cellulaire,