Cadre de la recherche : Phénomène inédit
dans l’histoire démographique de l’humanité, le vieillissement de la population
est, au XXIe siècle, une réalité complexe. Cette
dernière découle des aspects sociaux, biologiques, mais aussi quantitatifs de ce
phénomène. Le vieillissement stricto sensu, tient à un
effet de structure, c’est-à-dire la hausse de la proportion des personnes âgées
dans une population considérée, et la gérontocroissance, un effet de flux, qui
quantifie la hausse du nombre de personnes âgées, c’est-à-dire celles de 65 ans
ou plus (Dumont, 2018a). Bien que ses quatre principales causes (augmentation de
l’espérance de vie, diminution du nombre de naissances, mouvements migratoires,
prise en compte des évolutions démographiques passées) fassent l’unanimité chez
les différents chercheurs, les manifestations, les conséquences et les réponses
au vieillissement sont loin d’être homogènes (Breton et Temporal, 2019 ;
Blanchet, 2013 ; Dumont, 2006 ; Simard, 2010). En effet, ses conséquences
diffèrent d’un territoire à l’autre, obligeant à appréhender les enjeux de
population de manières ciblées et spécifiques que ce soit sur le plan social,
économique ou géopolitique (Dumont, 2016a, 2018b ; Saillant, 2016 ; Gucher,
2012 ; Hodge, 2008). Ainsi, la société voit l’ensemble de ses institutions
affectées par les défis liés au vieillissement de sa population, que ce soit:
les politiques, l’emploi, le travail, la santé, la famille, la protection
sociale, l’aménagement et le développement territorial ou encore le
fonctionnement démocratique. Ces divers enjeux influencent autant la qualité de
vie des aînés (Rican et al., 2013) que la gouvernance
collaborative et territoriale.
Objectifs : Cet article a pour objectif
d’identifier les principaux enjeux et les défis associés au vieillissement
démographique en regard de l’amélioration de l’inclusion sociale et de la
qualité de vie des aînés. Ces enjeux et ces défis concernent, de manière plus
spécifique, le revenu des personnes âgées, l’accessibilité et la proximité par
rapport aux services, aux équipements et aux infrastructures locales, les soins
prodigués aux aînés et la relève.
Méthodologie : Cet article s’appuie sur
les différentes contributions de ce numéro thématique ainsi que sur l’expertise
des trois auteurs. En outre, nous préconisons, à partir d’une revue de la
littérature, une analyse de contenu, laquelle sera couplée à l’utilisation de
données empiriques issues principalement, mais non exclusivement, de différents
travaux de Statistique Canada.
Résultats : Bien que la plupart de ces
enjeux et défis relèvent de la base, c’est-à-dire de l’échelon local, voire
régional, leur mise en œuvre nécessite des actions énergiques impulsées par le
haut, les acteurs locaux et régionaux ne disposant pas de tous outils et moyens
nécessaires pour les relever, et ce, en dépit de leur bonne volonté.
Conclusions : Il est nécessaire de
déployer une politique territoriale du vieillissement pour prendre en compte les
particularités locales et régionales des milieux concernés ainsi que les besoins
exprimés par les aînés et leur famille. Il s’agit donc, d’une part, de créer des
environnements propices à l’amélioration de la qualité de vie et à
l’épanouissement tant des personnes âgées que des individus qui gravitent autour
de celles-ci et, d’autre part, de déployer des actions gérontologiques
transversales, lesquelles supposent d’allier à la fois les intervenants
endogènes et exogènes, en tenant compte des diversités territoriales du
vieillissement. L’objectif est que l’avancée en âge des personnes s’effectue en
leur permettant de demeurer actives dans la société, ce qui indubitablement lié
à la préservation de leur santé.
Contribution: Sur le plan scientifique,
notre démonstration, à l’instar de celle effectuée par les différents auteurs de
ce numéro, s’appuie sur trois modèles endogènes fortement imbriqués les uns par
rapport aux autres. Il s’agit du renforcement des capacités et des capabilités
des acteurs, de la gouvernance collaborative et du développement local
progressiste. Même si ces différents modèles constituent des vecteurs efficaces
afin de stimuler les initiatives locales, et en particulier les innovations
sociales porteuses de transformation sociale, ils s’avèrent insuffisants pour
relever tous les multiples défis associés au vieillissement actif et en santé,
lesquels nécessitent des interventions transversales déployées à l’échelon
territorial.