Découverte il y a 10 ans [1], Survivine a rapidement attiré l'attention de la communauté scientifique par sa biologie fascinante et son potentiel thérapeutique en cancérologie. Conservée au cours de l'évolution, Survivine appartient à la famille des IAP (inhibitors of apoptosis proteins), définie par le domaine structurel BIR caractérisé à l'origine chez le baculovirus pour son rôle dans la protection vis-à-vis de l'apoptose. Chez les mammifères, Survivine fut initialement décrite comme importante pour la survie des cellules cancéreuses, ce qui lui valut son nom. Survivine se place en fait au carrefour de la régulation de processus cellulaires essentiels : cycle et mort cellulaires. La majorité des tumeurs, solides ou hématopoïétiques, l'exprime de façon aberrante et des études génomiques l'ont rapidement identifiée comme le quatrième gène le plus fréquent et abondant dans les tumeurs [2]. Survivine possède également un rôle physiologique majeur lors du développement, aucune souris dépourvue de cette protéine ne survivant au-delà du cinquième jour embryonnaire [3]. En revanche, Survivine n'est pas ou peu exprimée dans les tissus différenciés adultes. En cancérologie, de nombreuses études démon-trent l'intérêt pronostique de Survivine, et son expression préférentielle dans les tumeurs en fait une cible théra-peutique attractive, actuellement en cours d'évaluation clinique. Dans cet article, nous aborderons les causes et les conséquences de l'expression aberrante de Survivine dans les cellules tumorales. Nous ferons le bilan des mécanismes moléculaires de Survivine qui participent au cycle cellulaire, et détaillerons ceux encore en cours d'exploration, impliqués dans la résistance à l'apoptose. Les fonctions multiples de Survivine la projettent au coeur d'un réseau fonctionnel pro-tumoral et la dési-gnent comme une cible thérapeutique particulièrement pertinente dans le cancer [4]. Nous évoquerons donc son intérêt pronostique en cancérologie et les applications thérapeutiques qui découlent des nombreux travaux de recherche menés depuis 10 ans.
Survivine dans les cancers : les causes de sa surexpressionSurvivine est une petite protéine de 16,5 kDa, à la demi-vie courte (30 minutes) et composée de trois domaines principaux : un domaine BIR de localisation amino-terminale, une extrémité carboxy-terminale en hélice α et, entre les deux, un domaine NES (nuclear export sequence) d'exportation hors du noyau (Figure 1). L'étude de son promoteur a fourni de nombreuses informations sur la régulation du gène. Tout d'abord, les régions CDE/CHR qui sont des séquences consensus impliquées dans la régulation transcriptionnelle liée au cycle cellulaire, participent à la modulation de l'expression de Survivine au cours du cycle cellulaire. Ainsi, dans les cel-> Découverte il y a dix ans, Survivine orchestre à la fois le cycle et la mort cellulaire, deux fonctions particulièrement dérégulées dans les cellules cancéreuses. Présente au cours du développement embryonnaire, puis absente des tissus différenciés adultes, Survivine est fo...