Cet article montre que les femmes détenues sont incitées à faire sens de leur carrière délinquante en se reconnaissant comme victimes de la violence des hommes. Les femmes qui sont en prison ont en effet été particulièrement exposées aux violences physiques et sexuelles au cours de leurs trajectoires. Cette forte victimation suscite l’intervention des professionnelles de santé, qui éduquent les détenues à identifier les violences masculines et à s’en prémunir. Si certaines d’entre elles adhèrent au récit victimaire, la plupart refusent de se conformer au discours institutionnel. La propension à se raconter à l’aune des violences subies est alors fortement déterminée par le rapport qu’entretiennent les détenues à l’institution et aux professionnelles qui l’incarnent.