De la « Semaine révolutionnaire » à la « Révolution » de 1964 : itinéraires, réseaux et lieux de sociabilité de la « génération de 1922 »

Abstract

Étudier les droites au Brésil – ou, dans un sens plus large, le conservatisme – n’est pas chose aisée. Cela est d’autant plus vrai quand il s’agit du domaine de la culture, en particulier dans les années 1960 et 1970. L’indéniable essor de la gauche dans la création artistique laissa dans l’ombre une élite culturelle conservatrice qui fut pourtant très active depuis la dictature de Vargas jusqu’au régime militaire. Identifier les intellectuels de cette élite à partir des itinéraires de ses membres, de ses réseaux et de ses lieux de sociabilité est le premier objectif de cet article. Le second est d’ébaucher un profil de cet acteur méconnu – ou oublié – de la vie politique brésilienne des années 1960 et 1970. Pour ce faire, nous avons mené une étude de cas : nous avons fait une prosopographie des membres de l’Académie brésilienne des Lettres entre 1961 et 1979 en repérant leur lieu de naissance et leur origine sociale, les études qu’ils ont suivies, les activités exercées, les lieux de sociabilité fréquentés et les postes politiques et administratifs qu’ils ont occupés. En plus de révéler un secteur important du champ intellectuel brésilien des années 1960 et 1970 – issu en grande partie d’une même génération, que nous appelons ici « génération de 1922 », connue particulièrement pour son rôle dans le renouveau culturel des années 1920 et pour sa participation à la dictature de Getúlio Vargas –, l’emprunt de la voie prosopographique nous a permis de saisir la formation de ce réseau et de donner une perception plus fine des rapports que ses membres entretenaient entre eux, d’une part, et avec le pouvoir politique, d’autre part.

Ad Immortalitatem: How politics was manifested in the Investiture Ceremonies at the Brazilian Academy of Letters During the Military Dictatorship (1964-1979)

“…How may this "traditional intellectual", that occupied institutions such as the ABL, the Brazilian Historical and Geographic Institute (IHGB) and the Federal Council of Culture (CFC) during the military dictatorship, be defined? An analytical prosopography of all the members of the ABL between 1961 and 1979 has enabled us to draw an accurate profile and to identify a sector of the Brazilian intelligentsia that remained neglected during the military dictatorship, when it was unforgotten, largely because of the idea of the "cultural hegemony" of the left (CUNHA, 2015). Despite being on the verge of disappearance, the literate generation born in the late nineteenth century retained a force and a power of influence that cannot be neglected.…”

The Political Uses of the Past During the Cold War: Conservative Intellectuals and the Military Dictatorship in Brazil

“…A prosopographical analysis of all the members of the institution between 1961 and 1979 enabled me to sketch out an accurate profile and identify a sector of the Brazilian intelligentsia that has remained neglected by researchers, and thereby forgotten, largely because of the ascendency of the 'cultural hegemony' of the left (SCHWARZ, 1978). This topic will not be delved into within the limits of this paper, si nce it has been the subject of previous publications (CUNHA, 2015). Thus, it is my previous work on the role of conservative intellectuals during the 1960s and 70s that justifies the choice of those being analyzed in this paper.…”