“…Ce sont ces deux caractéristiques -sa nature collective et non-institutionnelle -qui font de la rhétorique des mouvements sociaux un espace privilégié pour l'étude de la rhétorique dite « du peuple ». Ainsi, les études de la rhétorique des mouvements sociaux se focalisent sur trois dimensions considérées comme spécifiques du discours du peuple : sa nature conflictuelle, son style « populaire », et son raisonnement « vernaculaire » : Souvent traité de « rhétorique coercitive 6 » ou « rhétorique de confrontation 7 », le caractère conflictuel du discours militant, celui qui cherche à influencer par la force en éveillant l'esprit combatif des militants, se manifeste à travers des tactiques langagières de caractère agressif, comme l'appel à la force, les ultimatums, l'incitation à la désobéissance ou à la violence, aussi bien que par des comportements symboliques visant à faire pression sur les institutions comme les marches, l'occupation des locaux, le blocage des rues ou les sit-in, dont l'objectif est d'influencer à travers la perturbation de l'espace urbain 8 . La deuxième dimension est liée au style non-formel du discours protestataire, et plus particulièrement à l'usage des insultes et des mots obscènes.…”