« This discipline means that it is impossible to bevague about what is being assumed. It also means that the model is potentially open to inspection to other researchers to all its details. These benefits of clarity and precision also have disadvantages, however. » Nigel Gilbert, 2004L'expression peu amène de « sciences molles » renvoie très généra-lement les sciences sociales à leur défaut de formalisation et de caractère expérimental. Pourtant, depuis une quinzaine d'années l'approche dite des « systèmes complexes » se développe dans le champ de ces sciences. Mais ce développement est inégal tant sur le plan des disciplines que sur celui des aires culturelles. Puissant en économie et, à un degré moindre, en sociologie dans le monde anglo-saxon, il est encore limité dans la sociologie française et, plus généralement, francophone. Si Ton peut proposer des éléments d'explication à cette réticence française -la méfiance à l'égard de la systémique parsonienne, le peu d'échos des « révolutions » cybernétiques, l'appétence limitée pour la formalisation, la reconnaissance tardive de l'individualisme méthodologique encore trop souvent confondu avec l'utilitarisme, etc. -on ne saurait s'en satisfaire durablement. En effet, dans cet ensemble encore assez hétéro-clite que constituent les travaux autour des systèmes complexes, de nouveaux outils de formalisation, de modélisation et de simulation apparaissent et de nouvelles problématiques se structurent qui peuvent intéresser les sociologues. Ici un exercice de définition, nécessairement limité et provisoire, s'impose. Un système est perçu complexe quand son comportement ne peut pas être déduit de la connaissance du comportement des entités qui le composent. « C'est l'imprévisibilité potentielle (non calculable a priori) des comportements de ce système, liée en particulier à la récursivité qui affecte le fonctionnement de ses composants 2 » qui caractérise la complexité d'un système. Pour utiliser un langage plus technique, on dira qu'un système complexe est imprévisible, que son comportement se caractérise par une « auto-éco-organisation », c'est-à-dire une autoorganisation adaptative, que l'information y est « distribuée » entre ses composants et qu'il est capable de développer des propriétés émergentes. Nombre de phénomènes sociaux relèvent d'une telle caractérisation et c'est la raison pour laquelle les systèmes complexes ont été mobilisés pour rendre compte, entre autres, de dynamiques organisationnelles et de réseaux sociaux, de l'émergence de règles, de normes ou de formes institutionnelles, de la diffusion des opinions, ou encore de processus de ségrégation urbaine. Mais, les outils des systèmes complexes répondent aussi au besoin de traiter des données de plus en plus massives, traitement rendu possible par le recours à la puissance de calcul des ordinateurs. Enfin, avec le développement des modèles de simulation, notamment les modèles multi-agents, un champ potentiellement très fécond s'ouvre aux sociologues, autour de la simulation sociale. l'organisation. Le p...