Plus d'un demi-siècle après la dernière vague de décolonisation politique, le traitement des histoires coloniales « sombres » reste un thème d'actualité. Influencée par le tournant postcolonial, cette étude vise à examiner, dans une perspective historique et comparative inédite, l'évolution des représentations du colonialisme belge et son héritage dans l'enseignement de l'histoire belge et congolaise depuis 1945. Son analyse narrative diachronique et synchronique identifie des continuités et des changements, ainsi que des convergences et des divergences, dans les perspectives, les accents et les silences caractérisant les récits des manuels scolaires. En mettant en évidence l'influence du colonialisme et du discours postcolonial sur les pratiques éducatives de représentation, l'étude explore les influences parfois contradictoires sur ces pratiques venant de la politique, de l'historiographie académique, de la culture historique populaire, et des processus d'« éducationalisation ». L'analyse met en lumière les changements parallèles dans les deux pays, passant d'idéologies colonialistes triomphalistes à des perspectives postcoloniales plus critiques. En ce qui concerne les pratiques éducatives de représentation, qui visent souvent à socialiser les citoyens dans des visions du monde sanctionnées par le système politique de l'époque, les traces de ces changements ont reflété des discours sociaux dominants tout en étant largement en contradiction avec les avancées historiographiques. Ces dynamiques témoignent d'un lent processus de décolonisation des structures de pouvoir et des systèmes de connaissances existants qui n'ont cédé que progressivement la place à un monde postcolonial encore en devenir.
MOTS CLÉSHistoire de l'enseignement de l'histoire ; analyse des manuels scolaires ; histoire coloniale de la Belgique et du Congo ; pratiques de la mémoire ; processus d'éducationalisation ; colonialisme et postcolonialisme.