Reçu le 29 avril 2019Résumé --Les psychédéliques, souvent appelés hallucinogènes, sont une classe de psychotropes très singulière. Les effets subjectifs et comportementaux qu'ils induisent sont très impressionnants, et malgré leur toxicité potentielle, le risque d'addiction est relativement faible par rapport à la nicotine, l'alcool ou les opiacés. Depuis la découverte des effets antidépresseurs de la kétamine, il existe un regain d'intérêt pour cette classe de molécules. En effet, la psilocybine et l'acide lysergique diéthylamide (LSD) gagnent de la popularité en tant que traitement pour la dépression et l'addiction, la 3,4-méthylènedioxyméthamphétamine (MDMA) pour l'état de stress post-traumatique, et l'ibogaïne pour l'addiction. Malgré des profils pharmacologiques distincts, ces différentes drogues partagent une cinétique d'action similaire : leurs effets thérapeutiques se font ressentir dans les heures suivant l'administration et perdurent au-delà de leur élimination par l'organisme. Ceci suggère des mécanismes plastiques et neurogéniques impliquant entre autres des facteurs trophiques. Cette revue explorera la littérature concernant les effets de ces différents composés sur les neurotrophines, ainsi que les adaptations plastiques qui sont mises en place dans les heures et jours suivant l'administration, afin de comprendre leur potentiel thérapeutique étonnant.
Abstract --Neurotrophic mechanisms of psychedelic therapy. Psychedelic drugs, often referred to as hallucinogens, are quite distinct from other classes of psychotropic drugs. Although the subjective and behavioral effects they induce are quite dramatic, they possess little addictive potential when compared to nicotine, alcohol or opiates. Since the discovery of ketamine antidepressant effects, there has been growing interest for these molecules. Serotonergic psychedelics such as psilocybin and lysergic acid diethylamide (LSD) are gaining attention as potential treatments for depression and addiction, similarly to 3,4-methylenedioxymethamphetamine (MDMA) for post-traumatic stress disorder (PTSD), and ibogaine for addiction. Although they possess distinct pharmacological profiles, their kinetics of action are quite similar: the therapeutic effects are felt within the hours following administration, and last well beyond drug elimination by the organism. This strongly suggests the induction of neurogenic and plastic mechanisms, including the involvement of trophic factors. This review will explore the literature dealing with the effects of psychedelics on neurotrophins, as well as the plastic adaptations that they induce, in an attempt to understand their surprising therapeutic potential. We will show that although ketamine and serotonergic psychedelics have affinity for very different receptors (NMDA, 5-HT2A), they ultimately initiate similar plastic adaptations in the prefrontal cortex through the involvement of the brain-derived neurotrophic factor (BDNF). We will see that although MDMA uses the same receptors as serotonergic psychedelics to alleviate P...