> La sénescence cellulaire entraîne l'arrêt irré-versible de la prolifération en réponse à divers stress génotoxiques ou stimulus inappropriés. Cet arrêt est sous le contrôle d'un réseau complexe de signalisation inhibant certains régulateurs du cycle cellulaire, comme les kinases dépendantes des cyclines (CDK). La pérennisation de cet arrêt et l'induction de la sénescence requièrent l'action de plusieurs suppresseurs de tumeurs, dont p53, pRb et p16
Ink4a. Outre d'importants changements morphologiques et métaboliques, des altérations de la chromatine et de l'expression génique caractérisent également la sénescence. Par ailleurs, les cellules sénescentes synthétisent un ensemble de cytokines et chimiokines désigné sous le terme de senescence-associated secretory phenotype (SASP), qui favorise l'inflammation et peut modifier de façon drastique le tissu environnant. Bien qu'elle favorise la cicatrisation et s'érige en barrière oncosuppressive, la sénes-cence, à l'image du dieu romain Janus, offre un second visage, moins bénéfique, puisqu'elle contribue au vieillissement et aux pathologies qui lui sont associées, comme le cancer. < associé à d'importants changements morphologiques et physiologiques [2]. Suivant une bonne intuition, L. Hayflick a associé la notion de sénescence à celles de cancer et de vieillissement : notion de cancer car, pour échapper à la sénescence, les cellules doivent acquérir certaines caractéristiques des cellules cancéreuses ; notion de vieillissement car l'accumulation de cellules sénescentes contribue au vieillissement global de l'organisme [1]. Ses hypothèses étaient fondamentalement justes, néanmoins la nature du « compteur mitotique » et des méca-nismes moléculaires qui expliquent les liens entre sénescence, cancer et vieillissement ne furent découverts que récemment. Très tôt, sur la base de considérations théoriques, A. Olovnikov avait proposé que le « compteur » suggéré par L. Hayflick pouvait être le raccourcissement des télomères, structures nucléoprotéiques proté-geant les extrémités des chromosomes [3]. En effet, au fil des divisions et de la réplication des chromosomes, les télomères des cellules somatiques raccourcissent de plus en plus. Il a donc été proposé que cette érosion des télomères, reconnue par les cellules comme de l'ADN endommagé, pourrait activer la réponse au stress génotoxique, qui est identique à celle qu'induisent les rayonnements ionisants et conduit à l'arrêt de la division cellulaire, d'où le nom de « sénescence réplicative » [4]. Cette hypothèse a été confirmée par des travaux ultérieurs [5]. La sénescence peut également être déclenchée par des lésions irréparables de l'ADN, par le stress oxydatif qui survient dans des conditions de culture cellulaire non adaptées, les dysfonctions mitochondriales (voir Encadré 1), ainsi que par l'expression La sénescence cellulaire a été originellement décrite par L. Hayflick qui a découvert que les cellules somatiques cessent de proliférer après un nombre précis de divisions en culture, comptabilisées selon lui par une ...