Pris dans la tourmente des crises financières de 2008 et 2011, Dexia, prêteur historique des collectivités locales, est sauvé de la faillite par les États belge et français fin 2011. L’article revient sur la genèse et la mise en œuvre de ce sauvetage, en développant une mise en perspective historique et institutionnaliste des évolutions et de la régulation étatique du crédit local. Il éclaire le passage d’une régulation administrée par l’État où ce dernier, à partir des années 1950, enserre strictement l’offre et la demande de crédit dans ses propres intérêts, à une régulation par le marché à compter des années 1980 lorsque l’État se désengage du crédit local. Anciennement dans le giron de l’État, Dexia est alors privatisé en 1993 et met en place une stratégie tournée vers les marchés financiers. Cette dernière s’effondre avec la crise de 2008, nécessitant une intervention en dernier ressort de l’État pour éviter une contagion du système financier et un credit crunch sur le marché du crédit local. Alors que l’État s’est retiré de ce dernier pour le mettre en marché à compter des années 1980, c’est bien lui qui doit « payer la facture » des dérives d’une telle régulation marchande.