> Il est clairement établi que le système immunitaire réagit très précocement à l'apparition et au développement d'une masse tumorale. Cette réaction fait intervenir une réponse cellulaire (activation des lymphocytes T) mais aussi une réponse humorale (production d'anticorps) contre des autoantigènes tumoraux devenus fortement immunogènes. Durant ces dix dernières années, des méthodes de protéomique ont été développées afin d'identifier les autoanticorps circulants et les antigènes qui leur correspondent dans différents types de cancer. La détection dans le sérum des patients d'un panel d'autoanticorps dirigés contre des protéines tumorales a ainsi été proposée comme nouvelle stratégie diagnostique en cancérologie. Cette signature humorale semble tout particulièrement adaptée à la détection précoce des cancers, notamment ceux du sein et du poumon. Elle présente un grand intérêt pour les patients qui ont un risque élevé de développer des cancers comme par exemple les sujets tabagiques chroniques, et pour lesquels il y a un déficit d'examens complémentaires. < depuis plusieurs années permis des avancées significatives dans l'aide au diagnostic. Des appareillages de plus en plus sensibles ont été développés, capables désormais de mettre en évidence des tumeurs inframillimétri-ques. Des efforts importants d'organisation ont aussi été accomplis pour assurer l'accès de la population générale à ces appareillages comme on le voit par exemple avec le dépistage organisé du cancer du sein en France [30] (➜), ou encore avec la mise en place de réseaux nationaux de formation pour les utilisateurs. Malheureusement, le même constat ne peut être fait pour les marqueurs tumoraux sériques. En effet, la majorité d'entre eux ont été identifiés il y a maintenant plusieurs décennies et rares sont ceux dont la détection peut être proposée dans le cadre d'un dépistage ou d'un diagnostic précoce du cancer [2]. Leur utilisation est actuellement limitée, le plus souvent à l'établissement du bilan initial du cancer (valeur de référence), à l'évaluation de l'efficacité thérapeutique et à la surveillance d'une récidive. Une voie de recherche intéressante dans l'identification de nouveaux marqueurs sériques des formes précoces de cancers semble être l'étude de la réponse humorale. Ainsi, au cours de ces dernières années, un très grand nombre d'articles de recherche ont apporté la preuve de l'existence d'autoanticorps circulants dans le sérum de patients atteints de cancers [3]. Cette inflation littéraire s'explique notamment par l'importance des avancées technologiques réalisées ces dix dernières années. Dans cette revue, nous nous intéressons aux propriétés qui font des autoanticorps des biomarqueurs potentiels et décrivons les techniques qui permettent leur identification. Nous insistons ensuite plus particulièrement sur l'intérêt des signatures humorales en pratique clinique et enfin, nous discutons des défis futurs, notamment ceux qui concernent la validation de ces tests. La détection des cancers aux premiers stades de la maladie est un ...