prison pénale est bien connue. Ses objectifs (Foucault, 1975), sa mise en place et son fonctionnement (Petit, 1990), les réflexions de ses théoriciens (Perrot, 2001), l'influence des politiques pénales sur son évolution (Badinter, 1992), les différents régimes d'incarcération (Vimont , 1993, Umezawa, 2012 et plus récemment l'étude des bâtiments 1 , tout cela a été mis en lumière par l'historiographie. Mais que sait-on de ceux, et surtout de celles qu'elle renferme ? Au-delà d'une institution, la prison est un lieu de vie, un rassemblement hétérogène d'individus contraints de cohabiter dans un lieu clos, coupé du monde et coercitif. Hormis les autobiographies de criminels rassemblées par Alexandre Lacassagne et étudiées par Philippe Artières, les personnes détenues de droit commun ne laissent guère de témoignages au XIX e siècle (Artières , 2000) -il leur est interdit de se parler et de s'écrire. Dans les réflexions des pénalistes, le Code des prisons et la statistique pénitentiaire, leurs portraits se fondent en une masse d'anonymes, invisibles et inaudibles, dont l'évocation gomme le plus souvent la présence des femmes minoritaires 2 . Pour les sortir de l'ombre et faire entendre leurs voix, il faut adopter une approche au ras du sol, partir de l'intérieur des prisons : les archives pénitentiaires sur les maisons centrales 3 de femmes du Sud de la France aux XIX e -début XX e siècles, Montpellier et Cadillac (près de Bordeaux) 4 , contiennent des documents produits par des personnes qui interagissent au sein des établissements ou en leur périphérie, les personnels, les détenues et leurs proches. À la lecture de ces lettres, la population carcérale laisse place à des femmes incarcérées, ayant chacune une histoire et un rapport singulier à l'enfermement. Une partie de la documentation nationale, la littérature pénitentiaire et le Code des prisons notamment, a aussi été utilisée dans cette étude pour ce qu'elle enrichit la compréhension de ces sources locales.