> Respiration, battements du coeur, cycle du sommeil, ovulation : la vie est rythmes. Des oscillations sont observées à tous les niveaux de l'organisation biologique, avec des périodes couvrant plus de dix ordres de grandeur, de la fraction de seconde à la dizaine d'années. De l'horloge circadienne qui permet l'adaptation à l'alternance du jour et de la nuit jusqu'à la floraison ou aux migrations qui se synchronisent avec le cycle des saisons. De l'horloge qui contrôle le cycle de division cellulaire jusqu'aux oscillations qui assurent le succès de la fécondation et du développement embryonnaire. Du cerveau qui produit les rythmes neuronaux jusqu'aux hormones sécré-tées de manière pulsatile. L'étude des rythmes du vivant montre qu'au-delà des différences de mécanisme et de période, ils relèvent d'un même processus d'auto-organisation temporelle fondé sur les régulations présentes au sein des systèmes biologiques [1, 2].Les rythmes : l'auto-organisation temporelle naît de l'instabilité Si les rythmes sont si fréquents dans les systèmes biologiques, cela tient à la multiplicité des mécanismes de régulation qui les contrôlent. Chaque mode de régulation cellulaire est susceptible de donner lieu à des oscillations. Ainsi, les processus d'activation et d'inhibition des canaux ioniques, qui modulent leur activité en fonction du potentiel membranaire, donnent lieu à des variations périodiques de ce potentiel dans les cellules électriquement excitables comme les neurones ou les cellules musculaires. La régulation enzymatique soustend les oscillations observées dans des voies métaboliques comme la glycolyse. Le contrôle des échanges entre divers compartiments cellulaires est à l'origine des oscillations du calcium cytosolique, comme l'expliquent Laurent Combettes et Geneviève Dupont dans ce numéro de médecine/sciences [3] (➜). Enfin la régulation de l'expression des gènes est au coeur des rythmes circadiens que l'on observe chez tous les eucaryotes et certains procaryotes comme les cyanobactéries. Les boucles de régulation provoquent des instabilités qui mènent à des oscillations. Celles-ci se produisent dans des conditions bien précises. Souvent elles surviennent dans un domaine borné par deux valeurs critiques d'un paramètre de contrôle. Ainsi, quand une cellule est stimulée par un signal extracellulaire comme une hormone ou un neurotransmetteur, on observe souvent qu'en-dessous d'une valeur critique de la stimulation le calcium cytosolique se stabilise à un niveau stationnaire faible. Lorsque la stimulation dépasse un second seuil, le calcium atteint un niveau stationnaire élevé. C'est dans le domaine de valeurs intermédiaires de la stimulation que l'état stationnaire devient instable et que les oscillations surviennent. Une situation similaire est observée en fonction de l'apport de substrat pour les oscillations glycolytiques chez la levure.
Des rythmes naturels aux oscillateurs synthétiques et à la biologie des systèmesDe nouveaux rythmes cellulaires continuent à être découverts. Ainsi, au cours des années récentes,...