Ce titre est librement inspiré du célèbre « Nous pensons toujours ailleurs » de Montaigne, repris par l'ouvrage de Nicole Lapierre, Pensons ailleurs, Paris, Stock, 2004. Consacré à la figure protéiforme du juriste voyageur 1 , le dossier Les juristes en voyageurs fait le pari d'interroger ce que les circulations humaines font aux savoirs juridiques. Il faut dire que, si le motif classique du voyage a depuis longtemps été travaillé en histoire des savoirs et des sciences 2 , il a, en revanche, peu attiré l'attention de l'historiographie juridique 3 . Celle-ci a davantage interrogé les circulations littéraires ou textuelles plutôt que les circulations humaines 4 . Si l'on comprend en effet d'emblée l'importance du voyage pour un anthropologue, un géographe, un naturaliste ou un archéologue, la question se pose sans doute avec moins d'évidence pour les juristesentendus largement comme les acteurs disposant d'une expertise sur le droit, fussentils professionnels du droit au sens strict ou non -, dont le travail, loin du terrain, est de nature essentiellement herméneutique et textuelle.