15 décembre 2019. Des étudiants studieux, installés dans la bibliothèque de l'Université Jamia Millia Islamia à New Delhi, sont plongés dans leurs lectures, lorsque, surpris par des bruits, ils lèvent la tête pour voir tout à coup des policiers faire irruption, fondre aussitôt sur eux et les passer à tabac, sans aucune sommation. Ces images, issues d'une caméra de surveillance et rendues publiques quelques semaines plus tard, ont fait le tour des réseaux sociaux.Au même moment, pour le troisième jour consécutif, d'autres étudiants sont rassemblés sur le campus pour protester contre la loi « Citizenship Amendment Act », qui modifie les conditions d'accès à la nationalité indienne, votée cinq jours plus tôt par le Parlement. Alors qu'ils manifestent dans le calme, les forces de l'ordre prennent d'assaut l'université et, utilisant matraques et gaz lacrymogènes, dispersent les manifestants, frappent violemment des centaines d'étudiants et s'en prennent indifféremment à toutes les personnes présentes sur les lieux. La répression policière ne s'abat pas uniquement sur les individus, elle vise aussi les bâtiments du campus : le restaurant universitaire, la mosquée, la bibliothèque, les installations sanitaires sont saccagés. Plus de deux cents personnes sont blessées, certaines très gravement, et doivent être hospitalisées. Plusieurs d'entre elles seront même pourchassées jusque dans les hôpitaux où elles recevaient des soins avant d'être placées en garde à vue. Le lendemain, les manifestations reprennent, la police revient et tire, au moins une fois, à balles réelles, blessant un étudiant qui, d'après ses déclarations, ne participait pas au rassemblement.Dans les jours qui suivent, d'autres manifestations ont lieu à travers tout le pays. Elles sont également réprimées avec une grande violence, et 27 personnes meurent sous les tirs de la police. La répression est particulièrement