par Cla" ANDRIEU X Si un procede stereoscopique permettait de voir simultanement la France, la Grande-Bretagne, I'Allemagne, I'Autriche et l'Italie de 1944 a 1948, la Republique fransaise occuperait sans doute la premiere place a gauche. Ce n'est pas que la France se soit signalee par des realisations extremes ou particulierement originales, mais elle a concentre sur son territoire la presque totalite des mesures emancipatrices sur le plan social, ou presumees telles, qui furent prises dans les differents pays consideres au lendemain de la Deuxieme Guerre mondiale.L'lttat fransais est le seul qui ait tente et realise en partie a la fois un parqtage du pouvoir dans ltentreprise, une appropriation des moyens de production, et une maitrise veritable de lteconomie. A l'autre extremite de l'eventail se situe l'Stat italien, qui 'institua pas de comites d'entreprise, ne proceda a aucune nationalisation et ne mit en place aucun instrument de planification a vocation generale. Entre ces deux cas-limites, l'Autriche se tint proche de la France, avec des nationalisations, quelques mesures d'association des travailleurs a la gestion des entreprises et un essai de planification. L'Angleterre et l'Allemagne occupbrent une place de centredroit, la premiere par l'ampleur de ses nationalisations compensee par l'absence de participation ouvriere institutionnalisee et par le defaut de plan de production, et la seconde par son profil presque inverse, fondb sur une cogestion exclusive de toute nationalisation, et pourvu d'une certaine planification.Le caractere inegal des realisations intervenues dans chacun des cinq lttats rend mal compte des debats qui s'y deroulerent et qui engloberent partout la generalite des questions relatives a la demo cratie economique et sociale. Si la France est allee plus loin dans cette voie que les autres nations, c'est que le vent de reformisme de gauche qui pas sait alors sur l 'Europe y soufflait plus fort qu 'ailleurs, comme en temoignent ces chiffres: