En Chine, le développement des plateformes de commerce en ligne a grandement participé à l’essor de la vente en circuits courts de produits issus de l’agriculture paysanne. Cette dernière est présentée comme une alternative écologique et de confiance aux produits de l’agriculture industrielle, touchés par de nombreux scandales alimentaires. Si le lien entre numérique et circuit court commence à être documenté dans les pays du Nord, le contexte chinois redouble de spécificités. Il est marqué par la coexistence d’une agriculture vivrière persistante, d’une demande croissante en produits biologiques en circuits courts dans des villes de plusieurs dizaines de millions d’habitants, et de l’omniprésence des plateformes numériques pour les services quotidiens de consommation. Cet article est fondé sur une enquête ethnographique et numérique sur les circuits courts alimentaires dans le Sud-Ouest chinois. Il montre comment les interactions en ligne constituent le cœur de la recomposition de la confiance alimentaire. Elles favorisent l’apparition d’une nouvelle profession composée d’entrepreneurs intermédiaires, jeunes, qui retournent à la terre en maniant les outils numériques pour promouvoir l’agroécologie.