Résumé de l'articleCe qui constitue la discipline des Relations internationales (RI) est aujourd'hui largement débattu. Les remises en question touchent les prétentions scientifiques et les frontières de la discipline en tant que champ distinct, mais également les enjeux éthiques et sociaux qui y sont associés. Ces derniers concernent autant les analyses produites en RI (leur contenu, leur pertinence scientifique, politique et appliquée) que les relations de pouvoir affectant les individus y prenant part. Inspirés par une préoccupation politique et normative particulière quant au rôle constitutif de nos expériences, nous proposons un appel au développement d'une optique « indisciplinée » afin de réfléchir sur la discipline des RI en milieu francophone canadien à l'aune de nos pratiques respectives d'enseignement en Relations internationales à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et à l'Université d'Ottawa, plutôt qu'à la lumière des portraits de diverses communautés nationales dessinées par les données du Teaching, Research, and International Policy (TRIP) de l'Institute for the Theory and Practice of International Relations du College of William and Mary. Notre contribution propose une réflexion en trois temps : 1) lancer un appel quant à la nécessité de l'interdisciplinarité en privilégiant une optique « indisciplinée » ; 2) insister sur l'importance de pouvoir activement pratiquer un « oubli » des théories des RI, pour reprendre la formule consacrée de Roland Bleiker, en mobilisant nos pratiques enseignantes ; et 3) mettre à contribution la curiosité féministe en RI comme méthodologie, notamment dans l'enseignement. Ultimement, cette démarche favorise une pratique d'ouverture sur le monde des relations internationales et, ce faisant, donne une place aux émotions pour donner un sens au monde des/en Relations internationales.