Dans un cadre réglementaire, la qualité d’une eau est souvent évaluée en comparant des concentrations de substances individuelles à des seuils tels que les normes de qualité environnementale. Cette approche, bien que robuste, présente certaines limites. La seule information sur la présence de contaminants ne suffit pas à quantifier l’impact ou le potentiel toxique de ces eaux; l’information reste «individuelle» à l’échelle de substances, pour lesquelles suffisamment de données écotoxicologiques existent, sans permettre d’évaluer l’effet cocktail qui pourrait en résulter. Les bioessais sont des méthodes globales et intégrées qui fournissent des informations sur le potentiel toxique de l’échantillon considéré, voire sur la toxicité spécifique de certains groupes de substances. Notre démarche a donc consisté à suivre le potentiel toxique de différents échantillons d’eaux urbaines (effluent hospitalier, eaux usées à l’exutoire de deux sous-bassins de la ville de Paris, eaux usées en entrée de station d’épuration et eau épurée, déversoirs d’orage) en utilisant trois panels: toxicité générale (huit bioessais sur algues, bactéries, champignons et cellules humaines), génotoxicité (trois bioessais sur bactéries et cellules humaines), perturbation endocrinienne (six bioessais sur cellules humaines). Les résultats montrent que les déversoirs d’orage apportent un excès de toxicité au milieu récepteur. Sur l’ensemble des émissaires, toutes les dimensions de la toxicité ont, à un moment ou un autre, été observées. La comparaison entre entrée et sortie de station d’épuration semblerait indiquer que l’abattement des paramètres physicochimiques ne se retrouve pas pour les indicateurs de la toxicité. Cependant, des études complémentaires sur ce type d’échantillons sont nécessaires pour confirmer ou non cette première tendance.