En nous intéressant à la figure de la mécène femme, non en tant que lectrice, réceptacle de l'œuvre, mais dans l'écriture autour d'images de création féminine, d'engendrement, d'inspiration morale, nous constatons qu'elle remplit une fonction d'auteur, d'autant plus prestigieux en ce qu'elle renvoie à des figures historiques royales : Philippa de Hainaut, chez Jean Froissant ; la reine Isabeau, chez Christine de Pizan ; Marguerite d'Autriche, chez Jean Molinet et Jean Lemaire de Belges. Cette dernière, ainsi que le mécène Anne de France, est une femme de pouvoir, solidaire de son sexe, éducatrice qui, lorsqu'elle autorise l'écriture vernaculaire, apporte une éthique et légitimité en rapport avec la démarche des poètes de son temps. Le mécène devient ainsi une alliée privilégiée des intellectuels à une période où ils recherchent pour eux-mêmes une manière autre que la misogynie et la phallocratie de penser l'autorité, la gloire et l'engagement littéraire.