Oppositions islamistes à distance

Abstract

Résumé Comment se mobilise-t-on à distance ? L'étude des oppositions politiques hors des frontières exige d'expliciter les règles régissant cet espace singulier de mobilisation et d'analyser la façon dont les modes d'organisation et les registres de justification se reconfigurent en situation migratoire. En comparant les mobilisations islamistes tunisiennes et égyptiennes en France, cet article interroge les effets de l'identité politico-religieuse des acteurs sur leurs pratiques d'opposition à distance. Les militants anti-Ben Ali dans les années 1990-2000 et anti-Sissi depuis 2013 sont partagés entre l'ambition de rendre audible leur cause à un public français et le besoin de préserver l'identité religieuse du groupe.

Une politisation en devenir ?

“…Malgré l'existence de multiples « espaces de compromis » (Chouikha et Gobe, 2009) dans certains domaines, la question migratoire a été, elle, considérée comme faisant partie d'un périmètre non négociable dans lequel les stratégies de l'État ne pouvaient être remises en cause. Cette approche de la question migratoire, comme faisant partie du domaine protégé de l'État, est à mettre en lien avec la menace politique que l'émigration tunisienne représentait pour le pouvoir de Ben Ali (Dazey et Zederman, 2017). Elle fait aussi écho à la stratégie internationale que le régime a mis en place dans le domaine de la gestion des migrations (Cassarino, 2018).…”

The long arm of the Arab state

“…Brand and others consider this a strategy of encadrement, which refers to the unique manner with which the Tunisian aimed to govern populations abroad. For analyses on this, seeBrand (2006, 92-132);Dazey & Zederman (2017).…”