La progression de l’utilisation « non médicale » des médicaments, que ceux-ci soient disponibles avec ou sans ordonnance, apparaît aujourd’hui comme une préoccupation d’importance croissante dans le champ de la santé publique. Cette tendance, qui touche particulièrement les adolescents et les jeunes adultes, englobe une multitude de pratiques, allant du détournement à l’automédication en passant par « l’abus » et le dopage, pratiques qui seront définies ici et qui peuvent conduire au développement d’une dépendance au médicament. S’appuyant sur une revue de la littérature en sciences sociales et en santé publique, cet article met en évidence les problèmes que soulève la catégorisation des pratiques, notamment parce que les frontières entre les usages licites et illicites du médicament semblent de plus en plus brouillées dans les sociétés contemporaines. L’utilisation « non médicale » du médicament s’inscrit dans un contexte social marqué par un plus grand accès aux produits pharmaceutiques et aux savoirs qui s’y rapportent ainsi que par une tendance à la banalisation du recours chimique dans la vie quotidienne. Cet usage de l’assistance chimique à la vie quotidienne soulève la question de l’autonomie du sujet en santé et du rapport des individus à l’expertise médicale.The increase in non-medical use of prescription drugs and OTCs is becoming a serious public health issue. Non-medical use of medicines is more common among adolescents and young adults and includes practices such as drug diversion, self-medication, drug abuse, and doping. Using the literature published in public health and social sciences, this paper shows that categorizing drug-taking practices can be problematic as the distinction between illicit and licit use of medicines is becoming blurred in contemporary societies. Non medical use of prescription drugs is situated within a broader social context where greater access to prescription drugs and health information is provided and where the use of medicines is integrated into everyday life. It raises issues related to autonomy in healthcare and to the lay-expert relationship.La progresión del uso “no médico” de los medicamentos, ya sea que estén disponibles con o sin receta, constituye en la actualidad un problema cada vez más importante en el campo de la salud pública. Esta tendencia, que toca particularmente a los adolescentes y los adultos jóvenes, engloba una cantidad de prácticas que van de la utilización indebida a la automedicación, pasando por “el abuso” y el dopaje, prácticas que se definirán aquí y que pueden conducir al desarrollo de una dependencia al medicamento. Apoyándose en una revisión de la bibliografía de las ciencias sociales y la salud pública, este artículo pone en evidencia los problemas que representa la categorización de las prácticas, principalmente porque las fronteras entre los usos lícitos e ilícitos del medicamento parecen ser cada vez menos claras en las sociedades contemporáneas. El uso “no médico” del medicamento se inscribe en un contexto social marcado por un mayor...