Neel écrivait en 1965 que le diabète sucré, maladie multifactorielle « modèle », était un cauchemar pour le généticien [1]. Cela reste vrai quarante ans après pour l'ensemble des maladies multifactorielles, malgré l'accroissement considérable des connaissances en génétique. Dans cet article, nous tenterons d'analyser pourquoi l'étude génétique des maladies multifactorielles demeure si difficile. Auparavant, nous situerons ce groupe de maladies par rapport aux autres maladies génétiques, et ferons un rappel concernant la métho-dologie d'étude de ces affections. Le lecteur peut également se reporter à la très bonne revue générale critique des maladies à hérédité complexe ou maladies multifactorielles de Campion, publiée en 2001 dans médecine/sciences [2].
Classification des maladies génétiquesOn considère actuellement, peut-être de façon trop schématique, qu'il existe quatre grands groupes de maladies génétiques : les maladies héréditaires, à transmission mendélienne, les maladies mitochondriales, dont l'hérédité est maternelle, les maladies par aberration chromosomique et, enfin, les maladies multifactorielles, dont la répartition chez les apparentés ne suit pas les lois de Mendel. Le progrès des connaissances a été considérable dans les trois premiers groupes. En revanche, et malgré de très nombreux travaux réalisés par des laboratoires de qualité, peu de gènes impliqués dans les maladies multifactorielles ont été identifiés, contrairement au grand nombre de gènes identifiés dans les maladies héréditaires. Les maladies multifactorielles, encore appelées maladies polygéniques ou à hérédité complexe, sont dues à de nombreux facteurs génétiques et de milieu. Fait important, les allèles impliqués ne sont, dans la très grande majorité des cas, pas délétères, mais confè-rent seulement une susceptibilité accrue à la maladie. Ce mode héréditaire concerne une grande partie des maladies communes telles que les diabètes de type 1 et 2, les maladies cardiovasculaires, certains cancers fré-quents, des maladies neurologiques et psychiatriques, des malformations congénitales, l'asthme et les maladies auto-immunes. Leur étude comporte trois étapes : montrer que la maladie est familiale, montrer que cette > Les maladies communes ont tendance à être familiales, mais cette répartition ne suit pas, dans la plupart des cas, les lois de Mendel. Ainsi, alors qu'elles ont un mode héréditaire monogéni-que dans une faible proportion des familles, elles sont dans la grande majorité des cas multifactorielles, liées à l'interaction entre une composante génétique polygénique et des facteurs de milieu. Deux méthodes non paramétriques complémen-taires sont le plus souvent utilisées pour localiser et identifier les gènes de susceptibilité prédis-posant à une maladie multifactorielle : l'analyse des paires de germains atteints, qui permet de localiser un gène de susceptibilité, et les études d'association. Il faut reconnaître que malgré de très nombreuses études, les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances, peu de résultats ayant été «...