40 % des personnes sans domicile fixe de Montréal souffrent d’un trouble mental grave. Cette situation alarmante a des causes complexes. Prises isolément, aucune ne peut prétendre tout expliquer. Parmi elles, l’état actuel du droit interpelle plus particulièrement les psychiatres et les juristes dans leur devoir de protéger les personnes les plus démunies. En effet, on ne peut plus se contenter d’invoquer la désinstitutionnalisation pour expliquer la forte proportion de malades mentaux parmi les itinérants. Il faut aussi considérer le fait que les soins sont désormais donnés en tenant compte du choix des personnes qui les reçoivent. Ce respect de l’autonomie des patients est le plus souvent bénéfique mais il a aussi pour conséquence de laisser à elles-mêmes, dans un état d’extrême indigence, sans même la capacité de crier au secours, des personnes gravement malades et en rupture de soins. Il est urgent d’opposer à ce nouveau visage de l’exclusion, un devoir d’ingérence envers les personnes bafouant, bien malgré elles, leur propre droit à recevoir soins et protection. Cliniciens et juristes doivent travailler ensemble pour définir les contours de ce devoir d’intervention. Il devront trouver un nouvel équilibre entre le besoin de soins et le respect des libertés.40 % of the homeless in Montreal suffer from severe mental disorder. Most of the time, deinstitutionalization is pointed out as the main cause of this situation. In fact, a closer survey of the problem proves there are much more complex causes to it than this only explanation. As a matter of fact, the modification of the law in order to take into account the rights and autonomy of the mentally ill patients is to be considered as one of the possible factors leading to homelessness because of the risk of health care interruptions. However, clinical commitment along with legal interventions and humanitarian interference could reduce the risk of homelessness and offer the most vulnerable patients good health care and new opportunities to find a place within the community. Clinicians and lawyers have to cooperate to define a fine balance between the patients’ rights and their needs for care